Author: | Anatole France | ISBN: | 1230001564976 |
Publisher: | er | Publication: | February 27, 2017 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Anatole France |
ISBN: | 1230001564976 |
Publisher: | er |
Publication: | February 27, 2017 |
Imprint: | |
Language: | French |
Extrait :
La majesté de la justice réside tout entière dans chaque sentence rendue par le juge au nom du peuple souverain.
Jérôme Crainquebille, marchand ambulant, connut combien la loi est auguste, quand il fut traduit en police
correctionnelle pour outrage à un agent de la force publique. Ayant pris place, dans la salle magnifique et
sombre, sur le banc des accusés, il vit les juges, les greffiers, les avocats en robe, l’huissier portant la
chaîne, les gendarmes et, derrière une cloison, les têtes nues des spectateurs silencieux. Et il se vit lui-même assis sur un siège élevé, comme si, de paraître devant des magistrats, l’accusé lui-même en recevait un funeste honneur. Au fond de la salle, entre les deux assesseurs, M. le président Bourriche siégeait. Les palmes d’officier d’académie étaient attachées sur sa poitrine. Un buste de la République et un Christ en croix surmontaient le prétoire, en sorte que toutes les lois divines et humaines étaient suspendues sur la tête de Crainquebille. Il en conçut une juste terreur. N’ayant point l’esprit philosophique, il ne se demanda pas ce que voulaient dire ce buste et ce crucifix et il ne rechercha pas si Jésus et Marianne, au Palais, s’accordaient ensemble. C’était pourtant matière à réflexion, car enfin la doctrine pontificale et le droit canon sont opposés, sur bien des points, à la Constitution de la République et au Code civil. Les Décrétales n’ont point été abolies, qu’on sache. L’Église du Christ enseigne comme autrefois que seuls sont légitimes les pouvoirs auxquels elle a donné l’investiture. Or, la République rançaise prétend encore ne pas relever de
la puissance pontificale. Crainquebille pouvait dire avec quelque raison...
Anatole France, né le 16 avril 1844 à Paris, et mort le 12 octobre 1924 à Saint-Cyr-sur-Loire (Indre-et-Loire), est un écrivain français, considéré comme l’un des plus grands de l'époque de la Troisième République, dont il a également été un des plus importants critiques littéraires.
Il devient une des consciences les plus significatives de son temps en s’engageant en faveur de nombreuses causes sociales et politiques du début du XXe siècle.
Il reçoit le prix Nobel de littérature pour l’ensemble de son œuvre en 1921.
Extrait :
La majesté de la justice réside tout entière dans chaque sentence rendue par le juge au nom du peuple souverain.
Jérôme Crainquebille, marchand ambulant, connut combien la loi est auguste, quand il fut traduit en police
correctionnelle pour outrage à un agent de la force publique. Ayant pris place, dans la salle magnifique et
sombre, sur le banc des accusés, il vit les juges, les greffiers, les avocats en robe, l’huissier portant la
chaîne, les gendarmes et, derrière une cloison, les têtes nues des spectateurs silencieux. Et il se vit lui-même assis sur un siège élevé, comme si, de paraître devant des magistrats, l’accusé lui-même en recevait un funeste honneur. Au fond de la salle, entre les deux assesseurs, M. le président Bourriche siégeait. Les palmes d’officier d’académie étaient attachées sur sa poitrine. Un buste de la République et un Christ en croix surmontaient le prétoire, en sorte que toutes les lois divines et humaines étaient suspendues sur la tête de Crainquebille. Il en conçut une juste terreur. N’ayant point l’esprit philosophique, il ne se demanda pas ce que voulaient dire ce buste et ce crucifix et il ne rechercha pas si Jésus et Marianne, au Palais, s’accordaient ensemble. C’était pourtant matière à réflexion, car enfin la doctrine pontificale et le droit canon sont opposés, sur bien des points, à la Constitution de la République et au Code civil. Les Décrétales n’ont point été abolies, qu’on sache. L’Église du Christ enseigne comme autrefois que seuls sont légitimes les pouvoirs auxquels elle a donné l’investiture. Or, la République rançaise prétend encore ne pas relever de
la puissance pontificale. Crainquebille pouvait dire avec quelque raison...
Anatole France, né le 16 avril 1844 à Paris, et mort le 12 octobre 1924 à Saint-Cyr-sur-Loire (Indre-et-Loire), est un écrivain français, considéré comme l’un des plus grands de l'époque de la Troisième République, dont il a également été un des plus importants critiques littéraires.
Il devient une des consciences les plus significatives de son temps en s’engageant en faveur de nombreuses causes sociales et politiques du début du XXe siècle.
Il reçoit le prix Nobel de littérature pour l’ensemble de son œuvre en 1921.