Author: | GUSTAVE AIMARD, JULES-BERLIOZ D'AURIAC | ISBN: | 1230000545471 |
Publisher: | GILBERT TEROL | Publication: | July 11, 2015 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | GUSTAVE AIMARD, JULES-BERLIOZ D'AURIAC |
ISBN: | 1230000545471 |
Publisher: | GILBERT TEROL |
Publication: | July 11, 2015 |
Imprint: | |
Language: | French |
Les événements dont le récit va suivre se sont passés à l’époque où eut lieu la première grande émigration pour l’Ouest : d’innombrables aventuriers sillonnaient alors les fleuves, les forêts et les vallées de l’Ohio ; mais quelque nombreuse que fût cette fourmilière humaine, elle n’avait encore rien changé à l’aspect du désert dans lequel elle se trouvait perdue et imperceptible comme des grains de sables.
Çà et là, sur quelque rivage solitaire apparaissait un embryon de ville : ici une clairière, là une route, plus loin une cabane en tronc d’arbre annonçaient la présence des hardis pionniers qui s’aventuraient en éclaireurs sur les frontières du lointain-Ouest.
La cognée du bûcheron Européen répondait, dans le vide de la solitude, au frémissement furtif du canot indien glissant sur l’Ohio. Mais ces bruits humains étaient rares et épars ; la profondeur des forêts vierges dormait encore du premier sommeil depuis la naissance des mondes.
Un petit village placé sur le bord de l’Ohio, comme une sentinelle avancée, fut le théâtre du début de cette histoire.
L’emplacement était admirablement choisi : militairement, il présentait une forteresse naturelle, établie sur un rocher à pic, debout sur le fleuve, en forme de promontoire, et commandant toute la région environnante, un énorme Block-House (fort en tronc d’arbres grossièrement équarris) bâtie dans des proportions colossales sur le point culminant, était la citadelle la plus sur le point culminant, était la citadelle la plus inexpugnable qu’eût pu rêver un ingénieur.
Au point de vue du poète, du paysagiste, c’était un asile enchanteur, plein de toutes les séductions d’une riche nature.
Des multitudes d’arbres dix fois centenaires, entrelaçant leurs longues branches échevelées formaient à perte de vue de longues allées, de profondes voûtes, où s’éteignaient graduellement les lueurs du jour et les murmures de l’air. Du pied de grands sycomores aux feuilles empourprées s’élançaient, comme des tourbillons de rameaux ou de fleurs, les guirlandes de vignes, de lierres, de guis, dont les festons interminables se balançaient avec grâce.
Sur le sol tout tapissé de mousse, couraient de petits entiers entrecoupés de pervenches, de fougères, de fraisiers ; le fleuve promenant en silence ses lames argentées sous les ronces, les chèvrefeuilles, les framboisiers, les técomas, les troènes, touffus, enchevêtrés, serpentant, hérissés de fleurs et de fruits.
De l’autre côté du fleuve ondulait une longue rangée de collines qui s’élevaient graduellement jusqu’à la hauteur des montagnes formant le fond de l’horizon.
Et au-dessus de cette luxuriante nature un ciel serein, bleu tendre, d’une transparence et d’une profondeur toutes particulières aux régions Américaines qui bordent le Mississipi ; une atmosphère embaumée par des milliers de senteurs sauvages un soleil levant dont les rayons allongés plongeaient mystérieusement dans les replis des feuillages, dorant, empourprant, éclairant tout sur leur route joyeuse ; un silence solennel, troublé par quelques furtifs chuchotements des bois.
La tranquillité de cette solitude fut troublée brusquement par la détonation d’une carabine. Les échos la répétaient encore lorsqu’un daim, hors d’haleine, les yeux effarés, apparut à la lisière du bois et s’élança dans la rivière. Il nagea d’abord mollement, indécis sur la direction qu’il prendrait ; mais bientôt ses oreilles inquiètes saisirent le bruit fugitif des branches froissées dans la forêt ; à cet indice qui lui annonçait l’approche de l’ennemi, il se dirigea par bonds désespérés vers la rive opposée.
En effet, un chasseur arriva au bout de quelques secondes, sautant d’arbre en arbre avec précipitation ; un dernier bond allait le porter hors du fourré, lorsqu’une branche à laquelle il s’était suspendu se rompit sous son poids, et il tomba lourdement sur la pente rocailleuse.
Les événements dont le récit va suivre se sont passés à l’époque où eut lieu la première grande émigration pour l’Ouest : d’innombrables aventuriers sillonnaient alors les fleuves, les forêts et les vallées de l’Ohio ; mais quelque nombreuse que fût cette fourmilière humaine, elle n’avait encore rien changé à l’aspect du désert dans lequel elle se trouvait perdue et imperceptible comme des grains de sables.
Çà et là, sur quelque rivage solitaire apparaissait un embryon de ville : ici une clairière, là une route, plus loin une cabane en tronc d’arbre annonçaient la présence des hardis pionniers qui s’aventuraient en éclaireurs sur les frontières du lointain-Ouest.
La cognée du bûcheron Européen répondait, dans le vide de la solitude, au frémissement furtif du canot indien glissant sur l’Ohio. Mais ces bruits humains étaient rares et épars ; la profondeur des forêts vierges dormait encore du premier sommeil depuis la naissance des mondes.
Un petit village placé sur le bord de l’Ohio, comme une sentinelle avancée, fut le théâtre du début de cette histoire.
L’emplacement était admirablement choisi : militairement, il présentait une forteresse naturelle, établie sur un rocher à pic, debout sur le fleuve, en forme de promontoire, et commandant toute la région environnante, un énorme Block-House (fort en tronc d’arbres grossièrement équarris) bâtie dans des proportions colossales sur le point culminant, était la citadelle la plus sur le point culminant, était la citadelle la plus inexpugnable qu’eût pu rêver un ingénieur.
Au point de vue du poète, du paysagiste, c’était un asile enchanteur, plein de toutes les séductions d’une riche nature.
Des multitudes d’arbres dix fois centenaires, entrelaçant leurs longues branches échevelées formaient à perte de vue de longues allées, de profondes voûtes, où s’éteignaient graduellement les lueurs du jour et les murmures de l’air. Du pied de grands sycomores aux feuilles empourprées s’élançaient, comme des tourbillons de rameaux ou de fleurs, les guirlandes de vignes, de lierres, de guis, dont les festons interminables se balançaient avec grâce.
Sur le sol tout tapissé de mousse, couraient de petits entiers entrecoupés de pervenches, de fougères, de fraisiers ; le fleuve promenant en silence ses lames argentées sous les ronces, les chèvrefeuilles, les framboisiers, les técomas, les troènes, touffus, enchevêtrés, serpentant, hérissés de fleurs et de fruits.
De l’autre côté du fleuve ondulait une longue rangée de collines qui s’élevaient graduellement jusqu’à la hauteur des montagnes formant le fond de l’horizon.
Et au-dessus de cette luxuriante nature un ciel serein, bleu tendre, d’une transparence et d’une profondeur toutes particulières aux régions Américaines qui bordent le Mississipi ; une atmosphère embaumée par des milliers de senteurs sauvages un soleil levant dont les rayons allongés plongeaient mystérieusement dans les replis des feuillages, dorant, empourprant, éclairant tout sur leur route joyeuse ; un silence solennel, troublé par quelques furtifs chuchotements des bois.
La tranquillité de cette solitude fut troublée brusquement par la détonation d’une carabine. Les échos la répétaient encore lorsqu’un daim, hors d’haleine, les yeux effarés, apparut à la lisière du bois et s’élança dans la rivière. Il nagea d’abord mollement, indécis sur la direction qu’il prendrait ; mais bientôt ses oreilles inquiètes saisirent le bruit fugitif des branches froissées dans la forêt ; à cet indice qui lui annonçait l’approche de l’ennemi, il se dirigea par bonds désespérés vers la rive opposée.
En effet, un chasseur arriva au bout de quelques secondes, sautant d’arbre en arbre avec précipitation ; un dernier bond allait le porter hors du fourré, lorsqu’une branche à laquelle il s’était suspendu se rompit sous son poids, et il tomba lourdement sur la pente rocailleuse.