Author: | JULES VERNE | ISBN: | 1230000212038 |
Publisher: | GILBERT TEROL | Publication: | January 22, 2014 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | JULES VERNE |
ISBN: | 1230000212038 |
Publisher: | GILBERT TEROL |
Publication: | January 22, 2014 |
Imprint: | |
Language: | French |
Il y avait une fois une famille de rats, composée du père Raton, de la mère Ratonne, de leur fille Ratine et de son cousin Raté.
Leurs domestiques, c’étaient le cuisinier Rata et la bonne Ratane. Or, il est arrivé à ces estimables rongeurs des aventures si extraordinaires, mes chers enfants, que je ne résiste pas au désir de vous les raconter.
Cela se passait au temps des fées et des enchanteurs, — au temps aussi où les bêtes parlaient. C’est de cette époque que date, sans doute, l’expression : « Dire des bêtises. » Et, cependant, ces bêtes n’en disaient pas plus que les hommes de jadis et d’aujourd’hui n’en ont dit et n’en disent ! Écoutez donc, mes chers enfants, je commence.
II
Dans une des plus belles villes de ce temps-là, et dans la plus belle maison de la ville demeurait une bonne fée. Elle s’appelait Firmenta. Elle faisait autant de bien qu’une fée en peut Faire, et on l’aimait beaucoup. À cette époque, paraît-il, tous les êtres vivants étaient soumis aux lois de la métempsycose. Ne vous effrayez pas de ce mot : cela signifie qu’il y avait une échelle de la création, dont chaque être devait franchir successivement les échelons, pour atteindre le dernier et prendre rang dans l’humanité. Ainsi on naissait mollusque, on devenait poisson, puis oiseau, puis quadrupède, puis homme ou femme. Comme vous le voyez, il fallait monter de l’état le plus rudimentaire à l’état le plus parfait. Toutefois, il pouvait arriver que l’on redescendit l’échelle, grâce à la maligne influence de quelque enchanteur. Et alors, quelle triste existence ! Par exemple, après avoir été homme, redevenir huître ! Heureusement, cela ne se voit plus de nos jours, — physiquement, du moins.
Sachez aussi que ces diverses métamorphoses s’opéraient par l’intermédiaire des génies. Les bons génies faisaient monter, les mauvais faisaient descendre, et, si ces derniers abusaient de leur puissance, le Créateur pouvait les en priver pour un certain temps.
Il va sans dire que la fée Firmenta était un bon génie, et jamais personne n’avait eu à se plaindre d’elle.
Or, un matin, elle se trouvait dans la salle à manger de son palais — une salle ornée de tapisseries superbes et de magnifiques fleurs. Les rayons du soleil se glissaient à travers la fenêtre, piquant çà et là de touches lumineuses les porcelaines et l’argenterie placées sur la table. La suivante venait d’annoncer à sa maîtresse que le déjeuner était servi, — un joli déjeuner, comme les fées ont bien le droit d’en faire sans être accusées de gourmandise. Mais à peine la fée s’était-elle assise que l’on frappa à la porte de son palais.
Aussitôt la suivante d’aller ouvrir ; un instant après, elle prévenait la fée Firmenta qu’un beau jeune homme désirait lui parler.
« Fais entrer ce beau jeune homme », répondit Firmenta.
Beau, en effet, d’une taille au-dessus de la moyenne, l’air bon, l’air brave aussi, et vingt-deux ans d’âge. Mis très simplement, il se présentait avec grâce. Tout d’abord, la fée eut favorable opinion de lui. Elle pensa qu’il venait, comme tant d’autres qu’elle avait obligés, pour quelque service, et elle se sentait disposée à le lui rendre.
« Que me voulez —vous, beau jeune homme ? dit-elle de sa voix la plus engageante.
— Bonne fée, répondit-il, je suis bien malheureux, et je n’ai d’espoir qu’en vous.
Et, comme il hésitait :
— Expliquez-vous, reprit Firmenta. Quel est votre nom ?
— Je me nomme Ratin, répondit-il. Je ne suis pas riche, et pourtant ce n’est point la fortune que je viens vous demander. Non, c’est le bonheur.
— P
Il y avait une fois une famille de rats, composée du père Raton, de la mère Ratonne, de leur fille Ratine et de son cousin Raté.
Leurs domestiques, c’étaient le cuisinier Rata et la bonne Ratane. Or, il est arrivé à ces estimables rongeurs des aventures si extraordinaires, mes chers enfants, que je ne résiste pas au désir de vous les raconter.
Cela se passait au temps des fées et des enchanteurs, — au temps aussi où les bêtes parlaient. C’est de cette époque que date, sans doute, l’expression : « Dire des bêtises. » Et, cependant, ces bêtes n’en disaient pas plus que les hommes de jadis et d’aujourd’hui n’en ont dit et n’en disent ! Écoutez donc, mes chers enfants, je commence.
II
Dans une des plus belles villes de ce temps-là, et dans la plus belle maison de la ville demeurait une bonne fée. Elle s’appelait Firmenta. Elle faisait autant de bien qu’une fée en peut Faire, et on l’aimait beaucoup. À cette époque, paraît-il, tous les êtres vivants étaient soumis aux lois de la métempsycose. Ne vous effrayez pas de ce mot : cela signifie qu’il y avait une échelle de la création, dont chaque être devait franchir successivement les échelons, pour atteindre le dernier et prendre rang dans l’humanité. Ainsi on naissait mollusque, on devenait poisson, puis oiseau, puis quadrupède, puis homme ou femme. Comme vous le voyez, il fallait monter de l’état le plus rudimentaire à l’état le plus parfait. Toutefois, il pouvait arriver que l’on redescendit l’échelle, grâce à la maligne influence de quelque enchanteur. Et alors, quelle triste existence ! Par exemple, après avoir été homme, redevenir huître ! Heureusement, cela ne se voit plus de nos jours, — physiquement, du moins.
Sachez aussi que ces diverses métamorphoses s’opéraient par l’intermédiaire des génies. Les bons génies faisaient monter, les mauvais faisaient descendre, et, si ces derniers abusaient de leur puissance, le Créateur pouvait les en priver pour un certain temps.
Il va sans dire que la fée Firmenta était un bon génie, et jamais personne n’avait eu à se plaindre d’elle.
Or, un matin, elle se trouvait dans la salle à manger de son palais — une salle ornée de tapisseries superbes et de magnifiques fleurs. Les rayons du soleil se glissaient à travers la fenêtre, piquant çà et là de touches lumineuses les porcelaines et l’argenterie placées sur la table. La suivante venait d’annoncer à sa maîtresse que le déjeuner était servi, — un joli déjeuner, comme les fées ont bien le droit d’en faire sans être accusées de gourmandise. Mais à peine la fée s’était-elle assise que l’on frappa à la porte de son palais.
Aussitôt la suivante d’aller ouvrir ; un instant après, elle prévenait la fée Firmenta qu’un beau jeune homme désirait lui parler.
« Fais entrer ce beau jeune homme », répondit Firmenta.
Beau, en effet, d’une taille au-dessus de la moyenne, l’air bon, l’air brave aussi, et vingt-deux ans d’âge. Mis très simplement, il se présentait avec grâce. Tout d’abord, la fée eut favorable opinion de lui. Elle pensa qu’il venait, comme tant d’autres qu’elle avait obligés, pour quelque service, et elle se sentait disposée à le lui rendre.
« Que me voulez —vous, beau jeune homme ? dit-elle de sa voix la plus engageante.
— Bonne fée, répondit-il, je suis bien malheureux, et je n’ai d’espoir qu’en vous.
Et, comme il hésitait :
— Expliquez-vous, reprit Firmenta. Quel est votre nom ?
— Je me nomme Ratin, répondit-il. Je ne suis pas riche, et pourtant ce n’est point la fortune que je viens vous demander. Non, c’est le bonheur.
— P