Les Akharniens

Nonfiction, Entertainment, Drama, Greek & Roman, Fiction & Literature
Cover of the book Les Akharniens by Aristophane Aristophánês, Traducteur : Eugène Talbot, er
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Author: Aristophane Aristophánês, Traducteur : Eugène Talbot ISBN: 1230001701661
Publisher: er Publication: June 2, 2017
Imprint: Language: French
Author: Aristophane Aristophánês, Traducteur : Eugène Talbot
ISBN: 1230001701661
Publisher: er
Publication: June 2, 2017
Imprint:
Language: French

Extrait :

Que de fois j’ai été mordu au cœur ! Et de plaisirs bien peu, tout à fait peu ! Quatre ! Mais de douleurs, un amoncellement de sables à la hauteur des Gargares ! Voyons donc : qui m’a été un juste sujet de joie ? Oui, je vois pourquoi j’ai eu l’âme réjouie : c’est quand Kléôn a revomi les cinq talents. Quel bonheur j’en ai ressenti ! Et j’aime les Chevaliers pour ce service: il fait honneur à la Hellas, mais bientôt j’ai éprouvé une douleur tragique : la bouche béante, j’attendais de l’Æskhylos, quand un homme crie : « Théognis, fais entrer le Chœur ! » Comment croyez-vous que ce coup m’ait frappé l’âme ? Mais voici pour moi une autre joie, lorsque, concourant pour un veau, Dexithéos s’avança et joua un air bœotien. Cette année-ci, au contraire, je vis que j’étais mort, mis en lambeaux, lorsque Khæris préluda sur le mode orthien. Mais jamais, depuis que je vais aux bains, la paupière ne m’a piqué les sourcils comme aujourd’hui : c’est jour d’assemblée régulière : voici le matin, et la Pnyx est encore déserte. On bavarde sur l’Agora : en haut, en bas, on évite la corde rouge. Les Prytanes mêmes n’arrivent pas : ils arrivent à une heure indue ; puis ils se bousculent, vous savez comme, les uns les autres, pour gagner le premier banc, et ils s’y jettent serrés. De la paix à conclure, ils n’ont aucun souci. Ô la ville, la ville ! Pour moi qui viens toujours le premier à l’assemblée, je m’assois, et là, tout seul, je soupire, je bâille, je m’étire, je pète, je ne sais que faire, je trace des dessins, je m’épile, je réfléchis, l’œil sur la campagne, épris de la paix, détestant la ville, regrettant mon dème, qui ne m’a jamais dit : « Achète du charbon, du vinaigre, de l’huile ! » Il ne connaissait pas le mot : « Achète », mais il fournissait tout, et il n’y avait pas ce terme, « achète », qui est une scie. Aujourd’hui, je ne viens pas pour rien ; je suis tout prêt à crier, à clabauder, à injurier les orateurs, s’il en est qui parlent d’autre chose que de la paix. Mais voici les Prytanes ! Il est midi ! Ne l’ai-je pas annoncé ? C’est bien ce que je disais. Tous ces gens-là se ruent sur le premier siège.

Aristophane (en grec ancien Ἀριστοφάνης / Aristophánês) est un poète comique grec du Ve siècle av. J.-C., né dans le dème de Cydathénéon vers -445 et mort entre -385 et -375. Son œuvre à elle seule représente ce qui nous reste de l'Ancienne Comédie, et coïncide avec les années glorieuses d'Athènes sous l'administration de Périclès et la longue et sombre période de la Guerre du Péloponnèse.

Traducteur : Eugène Talbot, né le 17 août 1814 et mort à Le Pouliguen (Loire-Atlantique) le 20 septembre 1894, est un historien, traducteur, éditeur et préfacier français.

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Extrait :

Que de fois j’ai été mordu au cœur ! Et de plaisirs bien peu, tout à fait peu ! Quatre ! Mais de douleurs, un amoncellement de sables à la hauteur des Gargares ! Voyons donc : qui m’a été un juste sujet de joie ? Oui, je vois pourquoi j’ai eu l’âme réjouie : c’est quand Kléôn a revomi les cinq talents. Quel bonheur j’en ai ressenti ! Et j’aime les Chevaliers pour ce service: il fait honneur à la Hellas, mais bientôt j’ai éprouvé une douleur tragique : la bouche béante, j’attendais de l’Æskhylos, quand un homme crie : « Théognis, fais entrer le Chœur ! » Comment croyez-vous que ce coup m’ait frappé l’âme ? Mais voici pour moi une autre joie, lorsque, concourant pour un veau, Dexithéos s’avança et joua un air bœotien. Cette année-ci, au contraire, je vis que j’étais mort, mis en lambeaux, lorsque Khæris préluda sur le mode orthien. Mais jamais, depuis que je vais aux bains, la paupière ne m’a piqué les sourcils comme aujourd’hui : c’est jour d’assemblée régulière : voici le matin, et la Pnyx est encore déserte. On bavarde sur l’Agora : en haut, en bas, on évite la corde rouge. Les Prytanes mêmes n’arrivent pas : ils arrivent à une heure indue ; puis ils se bousculent, vous savez comme, les uns les autres, pour gagner le premier banc, et ils s’y jettent serrés. De la paix à conclure, ils n’ont aucun souci. Ô la ville, la ville ! Pour moi qui viens toujours le premier à l’assemblée, je m’assois, et là, tout seul, je soupire, je bâille, je m’étire, je pète, je ne sais que faire, je trace des dessins, je m’épile, je réfléchis, l’œil sur la campagne, épris de la paix, détestant la ville, regrettant mon dème, qui ne m’a jamais dit : « Achète du charbon, du vinaigre, de l’huile ! » Il ne connaissait pas le mot : « Achète », mais il fournissait tout, et il n’y avait pas ce terme, « achète », qui est une scie. Aujourd’hui, je ne viens pas pour rien ; je suis tout prêt à crier, à clabauder, à injurier les orateurs, s’il en est qui parlent d’autre chose que de la paix. Mais voici les Prytanes ! Il est midi ! Ne l’ai-je pas annoncé ? C’est bien ce que je disais. Tous ces gens-là se ruent sur le premier siège.

Aristophane (en grec ancien Ἀριστοφάνης / Aristophánês) est un poète comique grec du Ve siècle av. J.-C., né dans le dème de Cydathénéon vers -445 et mort entre -385 et -375. Son œuvre à elle seule représente ce qui nous reste de l'Ancienne Comédie, et coïncide avec les années glorieuses d'Athènes sous l'administration de Périclès et la longue et sombre période de la Guerre du Péloponnèse.

Traducteur : Eugène Talbot, né le 17 août 1814 et mort à Le Pouliguen (Loire-Atlantique) le 20 septembre 1894, est un historien, traducteur, éditeur et préfacier français.

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