Mascarille

Fiction & Literature, Poetry, Continental European
Cover of the book Mascarille by Aicard Jean, YADE
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Author: Aicard Jean ISBN: 1230001619539
Publisher: YADE Publication: April 2, 2017
Imprint: Language: French
Author: Aicard Jean
ISBN: 1230001619539
Publisher: YADE
Publication: April 2, 2017
Imprint:
Language: French


MASCARILLE.

 
Savez-vous bien d’où moi, Mascarille, aujourd’hui
J’arrive ? — De l’Olympe ! — En vérité ? — Mais oui,
Car Jupiter, voulant, par un royal caprice,
Que l’Olympe, en l’honneur de Molière, applaudisse
Une pièce du maître, a, d’un geste, évoqué
Un éclatant décor auquel rien n’a manqué,
Et nous a fait donner Amphitryon qu’il aime ;
Chaque dieu qu’on y voit s’interprétait soi-même :
Jupiter s’est joué, ma foi, divinement !
Et Mercure et la Nuit !… Mais Sosie, au moment

D’entrer en scène, fut trouvé soûl d’ambroisie.
Je tins donc, le sachant, le rôle de Sosie.

Molière regardait avec les autres dieux.

J’eus un grand succès : Mars perdit son sérieux ;
Et Vénus se penchait, rieuse et familière,
Vers Apollon, afin de regarder Molière ;
Et, d’échos en échos, sur les divins sommets
Le rire olympien ne retentit jamais
Plus bruyant qu’en ce jour de joie où notre verve
À désarmé jusqu’à l’impassible Minerve…
Aujourd’hui j’ai vu rire un parterre de dieux !

Après la pièce et ce succès prodigieux,
Nous, les créations vivantes du poëte,
Sommes allés lui dire un compliment de fête
Mêlé, comme il convient, des nouvelles du jour.

Je viens de ma visite, et, sachant votre amour
Pour Molière, en détail il faut que je la conte.

Nous étions tous présents, tous : Harpagon, Géronte,
Tartufe, Alceste, et moi Mascarille, Jourdain,
Sganarelle suivi de ce pauvre Dandin,
Sosie, Amphitryon, puis… la troupe inhumaine
De nos femmes, ayant en tête Célimène.

Molière : « Contez-moi des nouvelles, amis…
Causons, puisque des dieux indulgents l’ont permis. »

Alceste là-dessus :
 « En dépit de Voltaire
Et de Rousseau, tout s’est encor gâté sur terre ! »
Dit-il, et l’on riait de sa mine, mais lui :
« Hélas ! la médecine a deux camps aujourd’hui,
Et, que par l’une ou l’autre ordonnance on s’en aille,
Tout un corps de docteurs s’applaudit et vous raille :
On est entre deux feux croisés de médecins !
Tartuffe voile encor du mouchoir deux beaux seins,
Et chiffonne à son gré la jupe des Elmire !
Trissotin a fondé des journaux ! qu’on admire !
Vadius y répand sa bile et son savoir !…
Que de maris… Dandins, qui ne veulent rien voir !

Tout n’a fait qu’empirer, apprends où nous en sommes,
Et la race a triplé des Bourgeois gentilshommes !…

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MASCARILLE.

 
Savez-vous bien d’où moi, Mascarille, aujourd’hui
J’arrive ? — De l’Olympe ! — En vérité ? — Mais oui,
Car Jupiter, voulant, par un royal caprice,
Que l’Olympe, en l’honneur de Molière, applaudisse
Une pièce du maître, a, d’un geste, évoqué
Un éclatant décor auquel rien n’a manqué,
Et nous a fait donner Amphitryon qu’il aime ;
Chaque dieu qu’on y voit s’interprétait soi-même :
Jupiter s’est joué, ma foi, divinement !
Et Mercure et la Nuit !… Mais Sosie, au moment

D’entrer en scène, fut trouvé soûl d’ambroisie.
Je tins donc, le sachant, le rôle de Sosie.

Molière regardait avec les autres dieux.

J’eus un grand succès : Mars perdit son sérieux ;
Et Vénus se penchait, rieuse et familière,
Vers Apollon, afin de regarder Molière ;
Et, d’échos en échos, sur les divins sommets
Le rire olympien ne retentit jamais
Plus bruyant qu’en ce jour de joie où notre verve
À désarmé jusqu’à l’impassible Minerve…
Aujourd’hui j’ai vu rire un parterre de dieux !

Après la pièce et ce succès prodigieux,
Nous, les créations vivantes du poëte,
Sommes allés lui dire un compliment de fête
Mêlé, comme il convient, des nouvelles du jour.

Je viens de ma visite, et, sachant votre amour
Pour Molière, en détail il faut que je la conte.

Nous étions tous présents, tous : Harpagon, Géronte,
Tartufe, Alceste, et moi Mascarille, Jourdain,
Sganarelle suivi de ce pauvre Dandin,
Sosie, Amphitryon, puis… la troupe inhumaine
De nos femmes, ayant en tête Célimène.

Molière : « Contez-moi des nouvelles, amis…
Causons, puisque des dieux indulgents l’ont permis. »

Alceste là-dessus :
 « En dépit de Voltaire
Et de Rousseau, tout s’est encor gâté sur terre ! »
Dit-il, et l’on riait de sa mine, mais lui :
« Hélas ! la médecine a deux camps aujourd’hui,
Et, que par l’une ou l’autre ordonnance on s’en aille,
Tout un corps de docteurs s’applaudit et vous raille :
On est entre deux feux croisés de médecins !
Tartuffe voile encor du mouchoir deux beaux seins,
Et chiffonne à son gré la jupe des Elmire !
Trissotin a fondé des journaux ! qu’on admire !
Vadius y répand sa bile et son savoir !…
Que de maris… Dandins, qui ne veulent rien voir !

Tout n’a fait qu’empirer, apprends où nous en sommes,
Et la race a triplé des Bourgeois gentilshommes !…

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