Author: | William Shakespeare | ISBN: | 1230000229651 |
Publisher: | William Shakespeare | Publication: | March 31, 2014 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | William Shakespeare |
ISBN: | 1230000229651 |
Publisher: | William Shakespeare |
Publication: | March 31, 2014 |
Imprint: | |
Language: | French |
EXTRAIT:
ACTE PREMIER
SCÈNE I
Navarre.- Un parc avec un palais.
LE ROI FERDINAND, BIRON, LONGUEVILLE ET DUMAINE.
LE ROI.- Que la Renommée, objet de la poursuite de tous les hommes pendant leur vie, reste gravée sur nos tombeaux d'airain et nous honore dans la disgrâce de la mort ! En dépit du temps, ce cormoran qui dévore tout, un effort, pendant l'instant où nous respirons, peut nous conquérir un honneur qui émoussera le tranchant de sa faux, et fera de nous les héritiers de toute l'éternité. Courage donc, braves vainqueurs, car vous l'êtes, vous qui faites la guerre à vos propres passions, et qui combattez l'immense armée des désirs du monde.- Notre dernier édit subsistera dans toute sa force, la Navarre deviendra la merveille du monde; notre cour sera une petite académie, adonnée au repos et à la contemplation. Vous trois, Biron, Longueville et Dumaine, vous avez fait serment de vivre avec moi pendant trois ans, compagnons de mes études, et d'observer les statuts qui sont rédigés dans cette cédule: vos serments sont prononcés; maintenant signez, et que celui qui violera le plus petit article de ce règlement voie son déshonneur écrit de sa propre main. Si vous êtes armés de courage pour exécuter ce que vous avez juré, signez votre grave serment, et observez-le.
LONGUEVILLE.- Je suis décidé: ce n'est qu'un jeûne de trois ans; si le corps souffre, l'âme jouira. Les panses trop bien remplies ont de pauvres cervelles, et les mets succulents, en engraissant les côtes, ruinent entièrement l'esprit.
DUMAINE.- Mon aimable souverain, Dumaine se mortifiera; il abandonne aux vils esclaves d'un monde grossier ses plaisirs plus grossiers encore: je renonce et je meurs à l'amour, à la richesse et aux grandeurs, pour vivre en philosophe avec eux et vous.
BIRON.- Je ne puis que répéter à mon tour la même protestation. J'ai déjà fait les mêmes voeux, mon cher souverain: j'ai juré de vivre, d'étudier ici trois années. Mais il y a d'autres pratiques rigides, comme de ne pas voir une seule femme jusqu'à ce terme, article qui, j'espère, n'est pas enregistré dans l'acte; de ne goûter d'aucune nourriture durant un jour entier de la semaine, et, les autres jours, de ne manger que d'un seul mets, autre point qui, j'espère, ne s'y trouve pas non plus; et encore de ne dormir que trois heures par nuit, sans jamais être surpris les yeux assoupis dans le jour (tandis que moi, ma coutume est de ne jamais songer à mal toute la nuit, et même de changer en nuit la moitié du jour), troisième clause qui, j'espère, n'est pas non plus mentionnée dans l'écrit. Oh ! ce sont là des tâches bien arides, trop pénibles à remplir: ne pas voir les dames, étudier, jeûner et ne pas dormir !
LE ROI.- Votre serment de vous abstenir de ces trois points est prononcé.
BIRON.- Permettez-moi de répondre non, mon souverain. J'ai simplement juré d'étudier avec Votre Altesse, et de passer ici à votre cour l'espace de trois ans.
LE ROI.- Biron, avec cet article, vous avez juré les autres aussi.
EXTRAIT:
ACTE PREMIER
SCÈNE I
Navarre.- Un parc avec un palais.
LE ROI FERDINAND, BIRON, LONGUEVILLE ET DUMAINE.
LE ROI.- Que la Renommée, objet de la poursuite de tous les hommes pendant leur vie, reste gravée sur nos tombeaux d'airain et nous honore dans la disgrâce de la mort ! En dépit du temps, ce cormoran qui dévore tout, un effort, pendant l'instant où nous respirons, peut nous conquérir un honneur qui émoussera le tranchant de sa faux, et fera de nous les héritiers de toute l'éternité. Courage donc, braves vainqueurs, car vous l'êtes, vous qui faites la guerre à vos propres passions, et qui combattez l'immense armée des désirs du monde.- Notre dernier édit subsistera dans toute sa force, la Navarre deviendra la merveille du monde; notre cour sera une petite académie, adonnée au repos et à la contemplation. Vous trois, Biron, Longueville et Dumaine, vous avez fait serment de vivre avec moi pendant trois ans, compagnons de mes études, et d'observer les statuts qui sont rédigés dans cette cédule: vos serments sont prononcés; maintenant signez, et que celui qui violera le plus petit article de ce règlement voie son déshonneur écrit de sa propre main. Si vous êtes armés de courage pour exécuter ce que vous avez juré, signez votre grave serment, et observez-le.
LONGUEVILLE.- Je suis décidé: ce n'est qu'un jeûne de trois ans; si le corps souffre, l'âme jouira. Les panses trop bien remplies ont de pauvres cervelles, et les mets succulents, en engraissant les côtes, ruinent entièrement l'esprit.
DUMAINE.- Mon aimable souverain, Dumaine se mortifiera; il abandonne aux vils esclaves d'un monde grossier ses plaisirs plus grossiers encore: je renonce et je meurs à l'amour, à la richesse et aux grandeurs, pour vivre en philosophe avec eux et vous.
BIRON.- Je ne puis que répéter à mon tour la même protestation. J'ai déjà fait les mêmes voeux, mon cher souverain: j'ai juré de vivre, d'étudier ici trois années. Mais il y a d'autres pratiques rigides, comme de ne pas voir une seule femme jusqu'à ce terme, article qui, j'espère, n'est pas enregistré dans l'acte; de ne goûter d'aucune nourriture durant un jour entier de la semaine, et, les autres jours, de ne manger que d'un seul mets, autre point qui, j'espère, ne s'y trouve pas non plus; et encore de ne dormir que trois heures par nuit, sans jamais être surpris les yeux assoupis dans le jour (tandis que moi, ma coutume est de ne jamais songer à mal toute la nuit, et même de changer en nuit la moitié du jour), troisième clause qui, j'espère, n'est pas non plus mentionnée dans l'écrit. Oh ! ce sont là des tâches bien arides, trop pénibles à remplir: ne pas voir les dames, étudier, jeûner et ne pas dormir !
LE ROI.- Votre serment de vous abstenir de ces trois points est prononcé.
BIRON.- Permettez-moi de répondre non, mon souverain. J'ai simplement juré d'étudier avec Votre Altesse, et de passer ici à votre cour l'espace de trois ans.
LE ROI.- Biron, avec cet article, vous avez juré les autres aussi.