Author: | Arthur Buies | ISBN: | 1230001294927 |
Publisher: | Eric HELAN | Publication: | March 12, 2016 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Arthur Buies |
ISBN: | 1230001294927 |
Publisher: | Eric HELAN |
Publication: | March 12, 2016 |
Imprint: | |
Language: | French |
Il existe dans Québec un antique et solennel édifice qui défie la pioche du démolisseur, que les gouvernements entourent d’un respect pieux et jaloux, où les hirondelles reviennent chaque printemps plaquer leurs nids serrés l’un à côté de l’autre, sous un toit qui a essuyé les orages de deux siècles ; édifice vermoulu, lézardé, fissuré, mais qui reste debout avec une ostentation muette et triomphante, comme s’il n’avait rien à craindre de la main des hommes et que son bail avec le temps fût loin d’expirer encore ; édifice dont les murs jaunis, chassieux, suintent une décrépitude morose et se fatiguent de leur longue résistance ; dont les fenêtres brisées offrent au vent qui s’y engouffre des ouvertures noires et sinistres ; qui menace de crouler et qui hésite, qui s’affaisse et que son poids retient aux entrailles de la terre, comme un vieux tronc dépouillé, rongé, qu’arrête au-dessus du gouffre le sol où plongent ses racines ; jadis asile des premiers missionnaires de la colonie qui y fondèrent le premier collège canadien, puis converti en caserne pour les soldats anglais, et devenu enfin du nos jours un abri pour quelques familles misérables qui s’y sont réfugiées comme des crabes dans une carcasse et n’en veulent partir qu’avec les débris du vieux collège sur le dos, pourvu qu’il consente à s’écrouler...
Il existe dans Québec un antique et solennel édifice qui défie la pioche du démolisseur, que les gouvernements entourent d’un respect pieux et jaloux, où les hirondelles reviennent chaque printemps plaquer leurs nids serrés l’un à côté de l’autre, sous un toit qui a essuyé les orages de deux siècles ; édifice vermoulu, lézardé, fissuré, mais qui reste debout avec une ostentation muette et triomphante, comme s’il n’avait rien à craindre de la main des hommes et que son bail avec le temps fût loin d’expirer encore ; édifice dont les murs jaunis, chassieux, suintent une décrépitude morose et se fatiguent de leur longue résistance ; dont les fenêtres brisées offrent au vent qui s’y engouffre des ouvertures noires et sinistres ; qui menace de crouler et qui hésite, qui s’affaisse et que son poids retient aux entrailles de la terre, comme un vieux tronc dépouillé, rongé, qu’arrête au-dessus du gouffre le sol où plongent ses racines ; jadis asile des premiers missionnaires de la colonie qui y fondèrent le premier collège canadien, puis converti en caserne pour les soldats anglais, et devenu enfin du nos jours un abri pour quelques familles misérables qui s’y sont réfugiées comme des crabes dans une carcasse et n’en veulent partir qu’avec les débris du vieux collège sur le dos, pourvu qu’il consente à s’écrouler...