Author: | VOLTAIRE | ISBN: | 1230000219171 |
Publisher: | GILBERT TEROL | Publication: | February 17, 2014 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | VOLTAIRE |
ISBN: | 1230000219171 |
Publisher: | GILBERT TEROL |
Publication: | February 17, 2014 |
Imprint: | |
Language: | French |
Comment se croira-t-il donc assez sûr de sa croyance pour traiter comme ennemis de Dieu ceux qui pensent autrement que lui ? Regardera-t-il le sentiment intérieur qui le détermine comme une preuve juridique qui lui donne des droits sur la vie ou sur la liberté de ceux qui ont d’autres opinions ? Comment ne sentirait-il pas que ceux qui professent une autre doctrine ont contre lui un droit aussi légitime que celui qu’il exerce contre eux ?
Supposons maintenant un homme qui, n'ayant aucune religion, les regarde toutes comme des fables absurdes ; cet homme sera-t-il intolérant ? Non sans doute. À la vérité, comme ses preuves sont d’un autre genre, comme les fondements de ses opinions sont appuyés sur des principes d’une autre nature, le devoir d'être tolérant est fondé, pour lui, sur d'autres motifs. S’il regarde comme des insensés les sectateurs des différentes religions, se croira-t-il en droit de traiter comme un crime une folie qui ne trouble pas l'ordre de la société, de priver de leurs droits des hommes que l’espèce de démence dont ils sont atteints ne met pas hors d'état de les exercer ? Peut-il ne pas les supposer de bonne foi ? car l’existence même des fourbes qui professent une croyance qu’ils n'ont pas suppose celle des dupes aux dépens de qui ces fourbes vivent et s'enrichissent. Il faudrait qu'il y eût un moyen de prouver juridiquement que tel homme qui professe une opinion absurde ne la croit pas ; et l’on sent que ce moyen ne peut exister. L’idée même qu’une telle opinion particulière peut être dangereuse par ses conséquences n’autoriserait pas une loi d’intolérance. Une opinion qui prescrirait indirectement la sédition ou l’assassinat comme un devoir pourrait seule être traitée comme un délit ; mais, dans ce cas, ce n’est plus d’intolérance religieuse qu’il s’agit, mais de l’ordre et du repos de la société.
Comment se croira-t-il donc assez sûr de sa croyance pour traiter comme ennemis de Dieu ceux qui pensent autrement que lui ? Regardera-t-il le sentiment intérieur qui le détermine comme une preuve juridique qui lui donne des droits sur la vie ou sur la liberté de ceux qui ont d’autres opinions ? Comment ne sentirait-il pas que ceux qui professent une autre doctrine ont contre lui un droit aussi légitime que celui qu’il exerce contre eux ?
Supposons maintenant un homme qui, n'ayant aucune religion, les regarde toutes comme des fables absurdes ; cet homme sera-t-il intolérant ? Non sans doute. À la vérité, comme ses preuves sont d’un autre genre, comme les fondements de ses opinions sont appuyés sur des principes d’une autre nature, le devoir d'être tolérant est fondé, pour lui, sur d'autres motifs. S’il regarde comme des insensés les sectateurs des différentes religions, se croira-t-il en droit de traiter comme un crime une folie qui ne trouble pas l'ordre de la société, de priver de leurs droits des hommes que l’espèce de démence dont ils sont atteints ne met pas hors d'état de les exercer ? Peut-il ne pas les supposer de bonne foi ? car l’existence même des fourbes qui professent une croyance qu’ils n'ont pas suppose celle des dupes aux dépens de qui ces fourbes vivent et s'enrichissent. Il faudrait qu'il y eût un moyen de prouver juridiquement que tel homme qui professe une opinion absurde ne la croit pas ; et l’on sent que ce moyen ne peut exister. L’idée même qu’une telle opinion particulière peut être dangereuse par ses conséquences n’autoriserait pas une loi d’intolérance. Une opinion qui prescrirait indirectement la sédition ou l’assassinat comme un devoir pourrait seule être traitée comme un délit ; mais, dans ce cas, ce n’est plus d’intolérance religieuse qu’il s’agit, mais de l’ordre et du repos de la société.