Vie de Fédérick Douglass, esclave américain

Romance, Historical
Cover of the book Vie de Fédérick Douglass, esclave américain by Frederick Douglass, Petite Plume Edition
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Author: Frederick Douglass ISBN: 1230001044782
Publisher: Petite Plume Edition Publication: April 22, 2016
Imprint: Language: French
Author: Frederick Douglass
ISBN: 1230001044782
Publisher: Petite Plume Edition
Publication: April 22, 2016
Imprint:
Language: French

Je suis né à Tuckahoe, près de Hillsborough, à environ douze milles d’Easton, dans le comté de Talbot (Maryland, États-Unis d’Amérique). Je n’ai aucune connaissance précise de mon âge, car je n’ai jamais vu d’acte authentique qui en fasse mention. La grande majorité des esclaves connaissent aussi peu leur âge que les chevaux ; tous les maîtres avec qui j’ai eu des rapports aimaient à tenir leurs esclaves dans cet état d’ignorance. Je ne me rappelle pas avoir jamais vu un seul esclave qui pût dire le jour de sa naissance. Ils savent, il est vrai, que cet événement a eu lieu à l’époque de la plantation, de la moisson, des cerises, du printemps ou de l’automne, mais voilà tout. Mon ignorance sur ce point fut pour moi un sujet de chagrin dès ma plus tendre enfance. Les petits blancs savaient leur âge. Je ne pouvais imaginer pourquoi je devais être privé d’un pareil privilège. Il ne fallait pas songer à interroger mon maître là-dessus. Il aurait trouvé des demandes de cette espèce, de la part d’un esclave, inconvenantes et déplacées ; il y aurait vu l’indice d’un esprit inquiet. D’après le calcul le plus approximatif que je puisse faire, je dois avoir maintenant de vingt-sept à vingt-huit ans. Je base ma supposition sur ce qu’un jour j’ai entendu dire à mon maître, en 1835, que j’avais alors à peu près dix-sept ans.

Ma mère se nommait Henriette Bailey. Elle était fille d’Isaac et de Babet Bailey, qui étaient tous deux nègres et d’un teint très-foncé. Ma mère était plus noire que ma grand-mère, ou mon grand-père.

Quant à mon père, il était blanc. Tous ceux à qui j’ai entendu parler de ma parenté admettaient ce fait. On disait tout bas que mon maître était mon père. Cette opinion était-elle fondée, c’est ce que je ne puis dire ; car les moyens de le vérifier me furent enlevés. Ma mère et moi, nous fûmes séparés lorsque je n’étais encore qu’un tout petit enfant, bien longtemps avant que je la connusse comme étant ma mère. Il est fort commun dans la partie de Maryland d’où je me suis échappé, d’enlever les enfants à leurs mères à un âge très-tendre. Souvent, avant que l’enfant soit arrivé à l’âge de douze mois, on loue la mère pour aller travailler à quelque ferme à une distance considérable, et on place l’enfant sous les soins d’une vieille femme, qui est trop âgée pour être employée dans les champs. Je ne sais à quoi sert cette séparation, si ce n’est pour empêcher le développement de l’affection de l’enfant envers sa mère, et pour émousser et détruire l’affection naturelle de la mère envers son enfant. Tel est le résultat inévitable de cette séparation...

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Je suis né à Tuckahoe, près de Hillsborough, à environ douze milles d’Easton, dans le comté de Talbot (Maryland, États-Unis d’Amérique). Je n’ai aucune connaissance précise de mon âge, car je n’ai jamais vu d’acte authentique qui en fasse mention. La grande majorité des esclaves connaissent aussi peu leur âge que les chevaux ; tous les maîtres avec qui j’ai eu des rapports aimaient à tenir leurs esclaves dans cet état d’ignorance. Je ne me rappelle pas avoir jamais vu un seul esclave qui pût dire le jour de sa naissance. Ils savent, il est vrai, que cet événement a eu lieu à l’époque de la plantation, de la moisson, des cerises, du printemps ou de l’automne, mais voilà tout. Mon ignorance sur ce point fut pour moi un sujet de chagrin dès ma plus tendre enfance. Les petits blancs savaient leur âge. Je ne pouvais imaginer pourquoi je devais être privé d’un pareil privilège. Il ne fallait pas songer à interroger mon maître là-dessus. Il aurait trouvé des demandes de cette espèce, de la part d’un esclave, inconvenantes et déplacées ; il y aurait vu l’indice d’un esprit inquiet. D’après le calcul le plus approximatif que je puisse faire, je dois avoir maintenant de vingt-sept à vingt-huit ans. Je base ma supposition sur ce qu’un jour j’ai entendu dire à mon maître, en 1835, que j’avais alors à peu près dix-sept ans.

Ma mère se nommait Henriette Bailey. Elle était fille d’Isaac et de Babet Bailey, qui étaient tous deux nègres et d’un teint très-foncé. Ma mère était plus noire que ma grand-mère, ou mon grand-père.

Quant à mon père, il était blanc. Tous ceux à qui j’ai entendu parler de ma parenté admettaient ce fait. On disait tout bas que mon maître était mon père. Cette opinion était-elle fondée, c’est ce que je ne puis dire ; car les moyens de le vérifier me furent enlevés. Ma mère et moi, nous fûmes séparés lorsque je n’étais encore qu’un tout petit enfant, bien longtemps avant que je la connusse comme étant ma mère. Il est fort commun dans la partie de Maryland d’où je me suis échappé, d’enlever les enfants à leurs mères à un âge très-tendre. Souvent, avant que l’enfant soit arrivé à l’âge de douze mois, on loue la mère pour aller travailler à quelque ferme à une distance considérable, et on place l’enfant sous les soins d’une vieille femme, qui est trop âgée pour être employée dans les champs. Je ne sais à quoi sert cette séparation, si ce n’est pour empêcher le développement de l’affection de l’enfant envers sa mère, et pour émousser et détruire l’affection naturelle de la mère envers son enfant. Tel est le résultat inévitable de cette séparation...

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