Author: | Chateaubriand | ISBN: | 1230000227275 |
Publisher: | Chateaubriand | Publication: | March 21, 2014 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Chateaubriand |
ISBN: | 1230000227275 |
Publisher: | Chateaubriand |
Publication: | March 21, 2014 |
Imprint: | |
Language: | French |
EXTRAIT:
Préface générale (Edition de 1826)
Si j'avais été le maître de la fortune, je n'aurais jamais publié le recueil de
mes ouvrages. L'avenir (supposé que l'avenir entende parler de moi) eût fait ce
qu'il aurait voulu. Plus d'un quart de siècle passé sur mes premiers écrits sans
les avoir étouffés ne m'a pas fait présumer une immortalité que j'ambitionne
peut-être moins qu'on ne le pense. C'est donc contre mon penchant naturel, et
aux dépens de ce repos, dernier besoin de l'homme, que je donne aujourd'hui
l'édition de mes Oeuvres. Peu importe au public les motifs de ma détermination,
il suffit qu'il sache (ce qui est la vérité) que ces motifs sont honorables.
J'ai entrepris les Mémoires de ma vie : cette vie a été fort agitée. J'ai
traversé plusieurs fois les mers ; j'ai vécu dans la hutte des sauvages et dans
le palais des rois, dans les camps et dans les cités. Voyageur aux champs de la
Grèce, pèlerin à Jérusalem, je me suis assis sur toutes sortes de ruines. J'ai
vu passer le royaume de Louis XVI et l'empire de Buonaparte ; j'ai partagé
l'exil des Bourbons, et j'ai annoncé leur retour. Deux poids qui semblent
attachés à ma fortune la font successivement monter et descendre dans une
proportion égale : on me prend, on me laisse ; on me reprend dépouillé un jour,
le lendemain on me jette un manteau, pour m'en dépouiller encore. Accoutumé à
ces bourrasques, dans quelque port que j'arrive, je me regarde toujours comme un
navigateur qui va bientôt remonter sur son vaisseau, et je ne fais à terre aucun
établissement solide. Deux heures m'ont suffi pour quitter le ministère et pour
remettre les clefs de l'hôtellerie à celui qui devait l'occuper.
EXTRAIT:
Préface générale (Edition de 1826)
Si j'avais été le maître de la fortune, je n'aurais jamais publié le recueil de
mes ouvrages. L'avenir (supposé que l'avenir entende parler de moi) eût fait ce
qu'il aurait voulu. Plus d'un quart de siècle passé sur mes premiers écrits sans
les avoir étouffés ne m'a pas fait présumer une immortalité que j'ambitionne
peut-être moins qu'on ne le pense. C'est donc contre mon penchant naturel, et
aux dépens de ce repos, dernier besoin de l'homme, que je donne aujourd'hui
l'édition de mes Oeuvres. Peu importe au public les motifs de ma détermination,
il suffit qu'il sache (ce qui est la vérité) que ces motifs sont honorables.
J'ai entrepris les Mémoires de ma vie : cette vie a été fort agitée. J'ai
traversé plusieurs fois les mers ; j'ai vécu dans la hutte des sauvages et dans
le palais des rois, dans les camps et dans les cités. Voyageur aux champs de la
Grèce, pèlerin à Jérusalem, je me suis assis sur toutes sortes de ruines. J'ai
vu passer le royaume de Louis XVI et l'empire de Buonaparte ; j'ai partagé
l'exil des Bourbons, et j'ai annoncé leur retour. Deux poids qui semblent
attachés à ma fortune la font successivement monter et descendre dans une
proportion égale : on me prend, on me laisse ; on me reprend dépouillé un jour,
le lendemain on me jette un manteau, pour m'en dépouiller encore. Accoutumé à
ces bourrasques, dans quelque port que j'arrive, je me regarde toujours comme un
navigateur qui va bientôt remonter sur son vaisseau, et je ne fais à terre aucun
établissement solide. Deux heures m'ont suffi pour quitter le ministère et pour
remettre les clefs de l'hôtellerie à celui qui devait l'occuper.