Author: | Maxime Du Camp | ISBN: | 1230000770965 |
Publisher: | Maxime Du Camp | Publication: | November 11, 2015 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Maxime Du Camp |
ISBN: | 1230000770965 |
Publisher: | Maxime Du Camp |
Publication: | November 11, 2015 |
Imprint: | |
Language: | French |
EXTRAIT:
Ce n’est pas sans raison que l’on a reproché à notre temps de trop se hâter, de courir vers le but avec une fébrile activité, de chercher avant tout le bénéfice facile, de négliger le salutaire précepte : festina lente, qui servait de règle à nos pères, de sacrifier en un mot la perfection à l’abondance de la production. Ce reproche si souvent et si justement adressé à l’art et à l’industrie, dont les moyens d’action multipliés semblent enlever aujourd’hui toute initiative originale à la main de l’homme, n’a pas été épargné à la librairie, qui plus d’une fois l’a mérité. A comparer l’œuvre des Alde, des Estienne, des Jean de Tournes, des Patisson, des Elzevier et les éditions modernes, on reste douloureusement surpris, et l’on est tenté de croire que le grand art de l’imprimerie, — que des papes ont appelé la découverte divine, — est tombé dans une irrémédiable décadence. La beauté du papier, la pureté des types, la correction du texte, la vivacité des encres, tout ce qui fait l’élégance et le prix réel d’un livre a été subordonné à la loi dominante des sociétés démocratiques, — à la loi du bon marché. Éditions à tous les prix, format populaire, format de poche, que n’a-t-on pas essayé pour tenter un public qui trouve dans son journal la nourriture quotidienne dont se contentent ses besoins intellectuels ? De là, de cette nécessité entretenue par la concurrence, est née cette quantité prodigieuse de volumes parmi lesquels on ne trouverait pas ce que les bibliophiles appellent un livre.
EXTRAIT:
Ce n’est pas sans raison que l’on a reproché à notre temps de trop se hâter, de courir vers le but avec une fébrile activité, de chercher avant tout le bénéfice facile, de négliger le salutaire précepte : festina lente, qui servait de règle à nos pères, de sacrifier en un mot la perfection à l’abondance de la production. Ce reproche si souvent et si justement adressé à l’art et à l’industrie, dont les moyens d’action multipliés semblent enlever aujourd’hui toute initiative originale à la main de l’homme, n’a pas été épargné à la librairie, qui plus d’une fois l’a mérité. A comparer l’œuvre des Alde, des Estienne, des Jean de Tournes, des Patisson, des Elzevier et les éditions modernes, on reste douloureusement surpris, et l’on est tenté de croire que le grand art de l’imprimerie, — que des papes ont appelé la découverte divine, — est tombé dans une irrémédiable décadence. La beauté du papier, la pureté des types, la correction du texte, la vivacité des encres, tout ce qui fait l’élégance et le prix réel d’un livre a été subordonné à la loi dominante des sociétés démocratiques, — à la loi du bon marché. Éditions à tous les prix, format populaire, format de poche, que n’a-t-on pas essayé pour tenter un public qui trouve dans son journal la nourriture quotidienne dont se contentent ses besoins intellectuels ? De là, de cette nécessité entretenue par la concurrence, est née cette quantité prodigieuse de volumes parmi lesquels on ne trouverait pas ce que les bibliophiles appellent un livre.