Author: | Henri de Régnier | ISBN: | 1230000278074 |
Publisher: | JCA | Publication: | November 3, 2014 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Henri de Régnier |
ISBN: | 1230000278074 |
Publisher: | JCA |
Publication: | November 3, 2014 |
Imprint: | |
Language: | French |
C’est après-demain le 1er janvier, et j’ai eu hier trente-trois ans.
J’aurais laissé passer inaperçu ce double événement sans la visite que m’a faite, ce matin, mon ami Pompeo Neroli, natif de Sienne et relieur de son état. Oui, sans la venue inopinée de Pompeo Neroli, j’oubliais que l’année nouvelle est sur le point de commencer et que, pour la trente-quatrième fois, je vais assister à son cours, à moins que le ciel ne m’interrompe en cette occupation, ce qui, en somme, me serait assez indifférent, bien que j’aime la vie, à ma façon. D’ailleurs, ma disparition hors de ce monde n’y causerait pas de grands regrets. Sauf ma mère, je n’ai guère de parents et que peu d’amis, en y comprenant l’honnête Pompeo Neroli. Ma mère ni moi ne sommes très attentifs aux anniversaires et nous ne recourons guère à ces prétextes. La tendre union de nos cœurs n’en a pas besoin, aussi le 1er janvier n’est pas pour nous une date particulièrement remarquable. Elle ne motive entre nous aucune manifestation exceptionnelle. Il s’ensuit donc que le recommencement de l’année ne me préoccupe pas extrêmement et que je laisse volontiers au hasard le soin de m’apprendre que le moment fatidique approche où les gens éprouvent le besoin de se congratuler de leur durée et d’échanger des vœux et des offrandes. Le plus souvent, une certaine animation des rues, la parure des magasins, l’affairement des passants suffisent à m’annoncer que le temps est venu où je dois me munir des objets et des paroles d’usage.
C’est après-demain le 1er janvier, et j’ai eu hier trente-trois ans.
J’aurais laissé passer inaperçu ce double événement sans la visite que m’a faite, ce matin, mon ami Pompeo Neroli, natif de Sienne et relieur de son état. Oui, sans la venue inopinée de Pompeo Neroli, j’oubliais que l’année nouvelle est sur le point de commencer et que, pour la trente-quatrième fois, je vais assister à son cours, à moins que le ciel ne m’interrompe en cette occupation, ce qui, en somme, me serait assez indifférent, bien que j’aime la vie, à ma façon. D’ailleurs, ma disparition hors de ce monde n’y causerait pas de grands regrets. Sauf ma mère, je n’ai guère de parents et que peu d’amis, en y comprenant l’honnête Pompeo Neroli. Ma mère ni moi ne sommes très attentifs aux anniversaires et nous ne recourons guère à ces prétextes. La tendre union de nos cœurs n’en a pas besoin, aussi le 1er janvier n’est pas pour nous une date particulièrement remarquable. Elle ne motive entre nous aucune manifestation exceptionnelle. Il s’ensuit donc que le recommencement de l’année ne me préoccupe pas extrêmement et que je laisse volontiers au hasard le soin de m’apprendre que le moment fatidique approche où les gens éprouvent le besoin de se congratuler de leur durée et d’échanger des vœux et des offrandes. Le plus souvent, une certaine animation des rues, la parure des magasins, l’affairement des passants suffisent à m’annoncer que le temps est venu où je dois me munir des objets et des paroles d’usage.