Author: | ANONYME | ISBN: | 1230001232318 |
Publisher: | GILBERT TEROL | Publication: | July 17, 2016 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | ANONYME |
ISBN: | 1230001232318 |
Publisher: | GILBERT TEROL |
Publication: | July 17, 2016 |
Imprint: | |
Language: | French |
Extrait :
Billet du père Stanislas
à la sœur Angélique
Je suis, ma chère enfant, dans de continuelles appréhensions pour vous. Il n’y a point d’heure pendant le jour que je ne pense aux moyens sûrs de vous affranchir, et point de nuit que je ne vous embrasse. Si la grandeur de votre amour répond à l’excès du mien, je ne doute point que vous ne goûtiez quelques doux moments. Dans peu nos plaisirs auront leur consommation. Courage, mon cher cœur ; l’espérance d’un bien certain a quelque chose de bien doux ; une idée flattée agréablement a de quoi satisfaire. Je l’éprouve à votre sujet, et je souhaiterais vous en pouvoir faire naître une assez chatouilleuse pour vous faire goûter par anticipation la douceur des divertissements qui nous attendent et qu’un bon dessein nous prépare. Je ne doute point, si vous m’aimez, que de si sincères déclarations n’aient plus de force pour le rétablissement de votre santé que ce bâton n’a de vertu que pour guérir. L’imagination fait souvent plus de miracles que la foi. Cher ange, adieu. »
Ce savant avait raison d’avancer que l’imagination a plus de force qu’un bâton n’a de vertu. Elle fit, en effet, des miracles ; car la sœur Angélique n’eut pas plus tôt fait la lecture de ce billet qu’elle sortit de sa faiblesse, quoiqu’elle feignît toujours de la langueur. Elle plaça ce bâton opérateur de prodiges à la ruelle de son lit et passa, dès le même soir qu’elle l’eut reçu, deux heures de temps à lire et à relire le billet, et y fit réponse par la lettre qui suit :
Lettre de la sœur Angélique
à son directeur
« Je ne sais, mon cher père, si votre bâton miraculeux a fait peur au reste de mes infirmités ; mais il est certain que je ne l’eus pas plus tôt entre mes mains que je ressentis un soulagement. Il n’y a point de recette de médecin qui ait mieux opéré que votre billet ; il me console, me conforte et me flatte du plus solide espoir dont je fus jamais nourrie. Songez à exécuter vos promesses. Je suis prête à tout entreprendre et disposée à vous accorder tout. Il me vient dans l’esprit un dessein que sans doute vous ne désapprouverez pas. Comme, en quelque endroit que le sort nous conduise, nous goûterions des plaisirs imparfaits sans argent, je trouverais fort à propos que nous tâchassions d’en faire une bonne somme. Travaillez-y de votre côté ; car du mien je jette les yeux sur quelque chose de grand prix qui ne saurait m’échapper. J’aspire à cet heureux moment, que vous assurez devoir vous rendre heureux, avec la même impatience avec laquelle vous désirez de jouir de la fidèle
Extrait :
Billet du père Stanislas
à la sœur Angélique
Je suis, ma chère enfant, dans de continuelles appréhensions pour vous. Il n’y a point d’heure pendant le jour que je ne pense aux moyens sûrs de vous affranchir, et point de nuit que je ne vous embrasse. Si la grandeur de votre amour répond à l’excès du mien, je ne doute point que vous ne goûtiez quelques doux moments. Dans peu nos plaisirs auront leur consommation. Courage, mon cher cœur ; l’espérance d’un bien certain a quelque chose de bien doux ; une idée flattée agréablement a de quoi satisfaire. Je l’éprouve à votre sujet, et je souhaiterais vous en pouvoir faire naître une assez chatouilleuse pour vous faire goûter par anticipation la douceur des divertissements qui nous attendent et qu’un bon dessein nous prépare. Je ne doute point, si vous m’aimez, que de si sincères déclarations n’aient plus de force pour le rétablissement de votre santé que ce bâton n’a de vertu que pour guérir. L’imagination fait souvent plus de miracles que la foi. Cher ange, adieu. »
Ce savant avait raison d’avancer que l’imagination a plus de force qu’un bâton n’a de vertu. Elle fit, en effet, des miracles ; car la sœur Angélique n’eut pas plus tôt fait la lecture de ce billet qu’elle sortit de sa faiblesse, quoiqu’elle feignît toujours de la langueur. Elle plaça ce bâton opérateur de prodiges à la ruelle de son lit et passa, dès le même soir qu’elle l’eut reçu, deux heures de temps à lire et à relire le billet, et y fit réponse par la lettre qui suit :
Lettre de la sœur Angélique
à son directeur
« Je ne sais, mon cher père, si votre bâton miraculeux a fait peur au reste de mes infirmités ; mais il est certain que je ne l’eus pas plus tôt entre mes mains que je ressentis un soulagement. Il n’y a point de recette de médecin qui ait mieux opéré que votre billet ; il me console, me conforte et me flatte du plus solide espoir dont je fus jamais nourrie. Songez à exécuter vos promesses. Je suis prête à tout entreprendre et disposée à vous accorder tout. Il me vient dans l’esprit un dessein que sans doute vous ne désapprouverez pas. Comme, en quelque endroit que le sort nous conduise, nous goûterions des plaisirs imparfaits sans argent, je trouverais fort à propos que nous tâchassions d’en faire une bonne somme. Travaillez-y de votre côté ; car du mien je jette les yeux sur quelque chose de grand prix qui ne saurait m’échapper. J’aspire à cet heureux moment, que vous assurez devoir vous rendre heureux, avec la même impatience avec laquelle vous désirez de jouir de la fidèle