Author: | Jules-Emile Planchon | ISBN: | 1230001734751 |
Publisher: | er | Publication: | June 26, 2017 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Jules-Emile Planchon |
ISBN: | 1230001734751 |
Publisher: | er |
Publication: | June 26, 2017 |
Imprint: | |
Language: | French |
Ce livre numérique comporte une table des matières dynamique. Il est parfaitement mis en page pour une lecture sur liseuse électronique.
Extrait :
Ces deux mots, « plantes carnivores, » en apparence inconciliables, ont l’air d’énoncer un gros paradoxe et presqu’une hérésie physiologique : ils impliquent tout au moins une flagrante contradiction aux idées courantes sur la nutrition végétale. Dans ce cycle de migrations de la matière dont le règne inorganique est à la fois le point de départ et le terme d’arrivée (pulvis es et in pulverem reverteris), la plante semble vouée au rôle subalterne de pourvoyeuse de la nourriture des animaux. Elle seule, puisant dans le sol et dans l’air les éléments bruts et le détritus de la vie, en recompose ces productions organiques qui, transformées par les herbivores, vont finalement servir d’aliment aux animaux carnivores. On dirait qu’un ordre fatal entraîne dans ce courant le flux mobile des atomes indestructibles et que le végétal le plus noble, a réduit au régime exclusif des élémens minéraux et des engrais, n’est au fond que le substratum de l’animalité la plus infime.
Tout cela paraît être l’évidence, même lorsqu’on s’en tient aux notions vulgaires, aux apparences superficielles d’un dualisme absolu, d’un antagonisme de nature entre les animaux et les plantes ; mais le point de vue s’élargit et se rectifie lorsque, pénétrant dans l’intimité des tissus, on voit dans la plante un organisme complexe dont chaque cellule, au moins dans sa période de vitalité la plus active, n’est autre chose que l’enveloppe d’une pulpe animalisée, on dirait presque d’un animal rudimentaire. Le protoplasme, cette gelée contractile qui vit dans la cellule végétale comme un rhizopode dans sa coquille, répond, par sa composition chimique essentiellement azotée, au sarcode dont la masse homogène constitue le corps entier d’animaux inférieurs. Or, si la plante est ainsi peuplée au dedans d’animalcules à l’état d’ébauche, est-il étonnant que, par exception au moins, la nourriture azotée parvienne à ces hôtes intimes par la voie directe de l’absorption épidermique, au lieu de suivre le cours détourné de l’absorption par les racines ?
Jules-Émile Planchon, né le 21 mars 1823 à Ganges (Hérault) et mort le 1er avril 1888 à Montpellier, est un botaniste français.
Ce livre numérique comporte une table des matières dynamique. Il est parfaitement mis en page pour une lecture sur liseuse électronique.
Extrait :
Ces deux mots, « plantes carnivores, » en apparence inconciliables, ont l’air d’énoncer un gros paradoxe et presqu’une hérésie physiologique : ils impliquent tout au moins une flagrante contradiction aux idées courantes sur la nutrition végétale. Dans ce cycle de migrations de la matière dont le règne inorganique est à la fois le point de départ et le terme d’arrivée (pulvis es et in pulverem reverteris), la plante semble vouée au rôle subalterne de pourvoyeuse de la nourriture des animaux. Elle seule, puisant dans le sol et dans l’air les éléments bruts et le détritus de la vie, en recompose ces productions organiques qui, transformées par les herbivores, vont finalement servir d’aliment aux animaux carnivores. On dirait qu’un ordre fatal entraîne dans ce courant le flux mobile des atomes indestructibles et que le végétal le plus noble, a réduit au régime exclusif des élémens minéraux et des engrais, n’est au fond que le substratum de l’animalité la plus infime.
Tout cela paraît être l’évidence, même lorsqu’on s’en tient aux notions vulgaires, aux apparences superficielles d’un dualisme absolu, d’un antagonisme de nature entre les animaux et les plantes ; mais le point de vue s’élargit et se rectifie lorsque, pénétrant dans l’intimité des tissus, on voit dans la plante un organisme complexe dont chaque cellule, au moins dans sa période de vitalité la plus active, n’est autre chose que l’enveloppe d’une pulpe animalisée, on dirait presque d’un animal rudimentaire. Le protoplasme, cette gelée contractile qui vit dans la cellule végétale comme un rhizopode dans sa coquille, répond, par sa composition chimique essentiellement azotée, au sarcode dont la masse homogène constitue le corps entier d’animaux inférieurs. Or, si la plante est ainsi peuplée au dedans d’animalcules à l’état d’ébauche, est-il étonnant que, par exception au moins, la nourriture azotée parvienne à ces hôtes intimes par la voie directe de l’absorption épidermique, au lieu de suivre le cours détourné de l’absorption par les racines ?
Jules-Émile Planchon, né le 21 mars 1823 à Ganges (Hérault) et mort le 1er avril 1888 à Montpellier, est un botaniste français.