Author: | Euripide, Traducteur : Leconte de Lisle | ISBN: | 1230001560190 |
Publisher: | er | Publication: | February 24, 2017 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Euripide, Traducteur : Leconte de Lisle |
ISBN: | 1230001560190 |
Publisher: | er |
Publication: | February 24, 2017 |
Imprint: | |
Language: | French |
Extrait :
Plût aux Dieux que la nef Argô n’eût point volé vers la terre de Kolkhôs, à travers les Symplégades bleues, que le pin coupé ne fût jamais tombé dans les bois du Pèlios et que la main des hommes très illustres qui partirent afin d’enlever la Toison d’or pour Pélias ne l’eût jamais muni d’avirons ! Ma maîtresse Mèdéia, en effet, n’eut point navigué vers les tours de la terre d’Iôlkos, le cœur frappé du désir d’Iasôn ; elle n’eût point poussé les filles de Pélias à tuer leur père, et elle n’habiterait point cette terre Korinthienne avec son mari et ses enfants, ayant plu aux citoyens de ce pays où elle est arrivée dans sa fuite, et n’ayant rien refusé en toute chose à Iasôn. Ceci est à la vérité la plus grande sécurité du mariage, que la femme ne soit pas en désaccord avec son mari. Mais, maintenant, toutes choses sont ennemies et les plus chères affections sont malades. Ses propres enfants et ma maîtresse ayant été trahis par lui, Iasôn se couche dans un lit royal, et il épouse la fille de Kréôn qui commande sur cette terre. Mais la malheureuse Mèdéia, en proie à cet outrage, lui crie le serment qu’il a juré, invoque la main qu’il lui a donnée pour preuve de sa foi, et prend les Dieux pour témoins de la reconnaissance de Iasôn. Elle gît sans nourriture, abandonnant son corps aux douleurs, se consumant sans relâche dans les larmes, depuis qu’elle connaît l’injure qui lui est faite par son mari. Et, ne levant plus les yeux et ne détournant point sa face de terre, elle se tait, pareille à un rocher, ou telle que le flot marin, quand elle est consolée par ses amis, à moins que, penchant son cou blanc, elle ne pleure en elle-même son père bien aimé, la terre de la patrie et les demeures abandonnées pour venir ici avec son mari qui maintenant l’a en mépris.
Euripide, (Salamine vers -480 - Macédoine en -406) est un des trois grands tragiques de l'Athènes classique, avec Eschyle et Sophocle. Il reste d'Euripide plus de pièces que d'Eschyle et Sophocle réunis, parce que sa popularité augmentait tandis que la leur déclinait. Il connut un immense succès durant l'époque hellénistique.
Euripide est à l'origine d'innovations qui ont profondément influencé le théâtre, particulièrement par sa représentation des héros traditionnels et mythiques comme des personnes ordinaires faisant face à des circonstances extraordinaires. Il a fait, par cette nouvelle approche, figure de pionnier, et des écrivains ont plus tard adapté à la comédie ces développements, dont certains sont caractéristiques du roman de chevalerie.
Traducteur : Leconte de Lisle écrivain et poète français (1818 – 1894)
Extrait :
Plût aux Dieux que la nef Argô n’eût point volé vers la terre de Kolkhôs, à travers les Symplégades bleues, que le pin coupé ne fût jamais tombé dans les bois du Pèlios et que la main des hommes très illustres qui partirent afin d’enlever la Toison d’or pour Pélias ne l’eût jamais muni d’avirons ! Ma maîtresse Mèdéia, en effet, n’eut point navigué vers les tours de la terre d’Iôlkos, le cœur frappé du désir d’Iasôn ; elle n’eût point poussé les filles de Pélias à tuer leur père, et elle n’habiterait point cette terre Korinthienne avec son mari et ses enfants, ayant plu aux citoyens de ce pays où elle est arrivée dans sa fuite, et n’ayant rien refusé en toute chose à Iasôn. Ceci est à la vérité la plus grande sécurité du mariage, que la femme ne soit pas en désaccord avec son mari. Mais, maintenant, toutes choses sont ennemies et les plus chères affections sont malades. Ses propres enfants et ma maîtresse ayant été trahis par lui, Iasôn se couche dans un lit royal, et il épouse la fille de Kréôn qui commande sur cette terre. Mais la malheureuse Mèdéia, en proie à cet outrage, lui crie le serment qu’il a juré, invoque la main qu’il lui a donnée pour preuve de sa foi, et prend les Dieux pour témoins de la reconnaissance de Iasôn. Elle gît sans nourriture, abandonnant son corps aux douleurs, se consumant sans relâche dans les larmes, depuis qu’elle connaît l’injure qui lui est faite par son mari. Et, ne levant plus les yeux et ne détournant point sa face de terre, elle se tait, pareille à un rocher, ou telle que le flot marin, quand elle est consolée par ses amis, à moins que, penchant son cou blanc, elle ne pleure en elle-même son père bien aimé, la terre de la patrie et les demeures abandonnées pour venir ici avec son mari qui maintenant l’a en mépris.
Euripide, (Salamine vers -480 - Macédoine en -406) est un des trois grands tragiques de l'Athènes classique, avec Eschyle et Sophocle. Il reste d'Euripide plus de pièces que d'Eschyle et Sophocle réunis, parce que sa popularité augmentait tandis que la leur déclinait. Il connut un immense succès durant l'époque hellénistique.
Euripide est à l'origine d'innovations qui ont profondément influencé le théâtre, particulièrement par sa représentation des héros traditionnels et mythiques comme des personnes ordinaires faisant face à des circonstances extraordinaires. Il a fait, par cette nouvelle approche, figure de pionnier, et des écrivains ont plus tard adapté à la comédie ces développements, dont certains sont caractéristiques du roman de chevalerie.
Traducteur : Leconte de Lisle écrivain et poète français (1818 – 1894)