Author: | Paul de Martigny | ISBN: | 1230000946117 |
Publisher: | CP | Publication: | February 14, 2016 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Paul de Martigny |
ISBN: | 1230000946117 |
Publisher: | CP |
Publication: | February 14, 2016 |
Imprint: | |
Language: | French |
DANS le va-et-vient silencieux des garçons au pas rapide et feutré, le murmure discret des verres et des assiettes, les arrivées et les départs de clients, le maëstro, de son archet sentimental, faisait pleurer la Sérénade de Toselli. C’était chez Paillard, cadre de luxe assourdi et lourd, où se rencontrent les riches fêtards de tous les pays.
Le prince de Galles étant à Paris depuis quelques jours, par devoir professionnel, nous dînions chaque soir dans le grand restaurant du boulevard des Italiens. Nous étions là toute une bande composée des as du reportage : Jim Carpenter, du New York Times ; Georges Dupuis, du Matin ; Jack London, du Journal ; Gaston Danthess, du Petit Parisien. Enfin il y avait moi, admis dans ce cénacle je ne sais trop pourquoi.
Nous en étions à cette phase heureuse des repas où, le premier appétit gloutonnement apaisé, on appécie dans le recueillement convenable, la qualité de ce que l’on mange. Le sommelier en gilet à manches de lustrine, à mi-voix, faisait à chaque convive sa confidence :
— Hospice de Beaune 1911 ?
— La Bataillère 1904, Clos Vougeot 95 ?
Après la sole dieppoise et le Château Yquem, apparaissait le filet-madère, gloire de la maison. Le bourgogne, beau grenat liquide, coulait dans les verres. La conversation devenait générale, débonnaire, heureuse.
DANS le va-et-vient silencieux des garçons au pas rapide et feutré, le murmure discret des verres et des assiettes, les arrivées et les départs de clients, le maëstro, de son archet sentimental, faisait pleurer la Sérénade de Toselli. C’était chez Paillard, cadre de luxe assourdi et lourd, où se rencontrent les riches fêtards de tous les pays.
Le prince de Galles étant à Paris depuis quelques jours, par devoir professionnel, nous dînions chaque soir dans le grand restaurant du boulevard des Italiens. Nous étions là toute une bande composée des as du reportage : Jim Carpenter, du New York Times ; Georges Dupuis, du Matin ; Jack London, du Journal ; Gaston Danthess, du Petit Parisien. Enfin il y avait moi, admis dans ce cénacle je ne sais trop pourquoi.
Nous en étions à cette phase heureuse des repas où, le premier appétit gloutonnement apaisé, on appécie dans le recueillement convenable, la qualité de ce que l’on mange. Le sommelier en gilet à manches de lustrine, à mi-voix, faisait à chaque convive sa confidence :
— Hospice de Beaune 1911 ?
— La Bataillère 1904, Clos Vougeot 95 ?
Après la sole dieppoise et le Château Yquem, apparaissait le filet-madère, gloire de la maison. Le bourgogne, beau grenat liquide, coulait dans les verres. La conversation devenait générale, débonnaire, heureuse.