Author: | JULES VERNE, GILBERT TEROL | ISBN: | 1230000543880 |
Publisher: | GILBERT TEROL | Publication: | July 10, 2015 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | JULES VERNE, GILBERT TEROL |
ISBN: | 1230000543880 |
Publisher: | GILBERT TEROL |
Publication: | July 10, 2015 |
Imprint: | |
Language: | French |
Aucun nom au tableau d’arrière de ce brick-goélette, ni sur les bastingages extérieurs de l’avant. Pas de pavillon. D’ailleurs, pour éviter d’avoir un salut à faire ou à rendre, du plus loin que la vigie signalait un bâtiment, il changeait sa route.
Était-ce donc un pirate, — il s’en rencontrait encore à cette époque dans ces parages, — qui craignait d’être poursuivi ?… Non. On eût vainement cherché des armes à son bord, et ce n’est pas avec un si faible équipage qu’un bâtiment se hasarderait à courir les risques d’un métier pareil.
Était-ce donc un contrebandier, faisant la fraude le long d’un littoral ou d’une île à une autre ? Pas davantage, et le plus avisé des officiers de douane eût visité sa cale, déplacé sa cargaison, sondé ses ballots, fouillé ses caisses, sans découvrir une marchandise suspecte. À dire vrai, il ne portait aucune cargaison. Des vivres pour plusieurs années, des fûts de vin et d’eau-de-vie au fond de sa cale, à l’arrière, sous la dunette, trois barils en douves de chêne, solidement cerclés de fer… On le voit, il restait de la place pour le lest, — un bon lest en fonte, qui permettait à ce navire de porter une forte voilure.
Peut-être aura-t-on l’idée que ces trois barils contenaient de la poudre ou toute autre substance explosive ?…
Non, évidemment, car on ne prenait aucune des précautions indispensables en entrant dans la soute qui les contenait.
Du reste, pas un des matelots n’aurait pu donner de renseignements à ce sujet, — ni sur la destination du brick-goélette, ni sur les motifs qui l’incitaient à changer sa direction dès qu’il apercevait un navire, ni sur les marches et contre marches qui caractérisaient sa navigation depuis quinze mois, ni même sur les parages où il se trouvait à cette date, courant tantôt à pleines voiles, tantôt sous une allure réduite, soit à travers une mer intérieure, soit sur les flots d’un océan sans limites. Durant cette inexplicable traversée, quelques hautes terres avaient été aperçues, mais le capitaine s’en éloignait au plus vite. Quelques îles avaient été signalées, mais il s’en écartait d’un rapide coup de barre. À consulter le livre de bord, on eût relevé d’étranges changements de route que ne justifiaient ni les sautes de vent ni les apparences du ciel. C’était un secret entre ce capitaine, — un homme de quarante-six ans, à chevelure hérissée, — et un personnage de haute mine qui apparut en ce moment à l’orifice du capot.
Aucun nom au tableau d’arrière de ce brick-goélette, ni sur les bastingages extérieurs de l’avant. Pas de pavillon. D’ailleurs, pour éviter d’avoir un salut à faire ou à rendre, du plus loin que la vigie signalait un bâtiment, il changeait sa route.
Était-ce donc un pirate, — il s’en rencontrait encore à cette époque dans ces parages, — qui craignait d’être poursuivi ?… Non. On eût vainement cherché des armes à son bord, et ce n’est pas avec un si faible équipage qu’un bâtiment se hasarderait à courir les risques d’un métier pareil.
Était-ce donc un contrebandier, faisant la fraude le long d’un littoral ou d’une île à une autre ? Pas davantage, et le plus avisé des officiers de douane eût visité sa cale, déplacé sa cargaison, sondé ses ballots, fouillé ses caisses, sans découvrir une marchandise suspecte. À dire vrai, il ne portait aucune cargaison. Des vivres pour plusieurs années, des fûts de vin et d’eau-de-vie au fond de sa cale, à l’arrière, sous la dunette, trois barils en douves de chêne, solidement cerclés de fer… On le voit, il restait de la place pour le lest, — un bon lest en fonte, qui permettait à ce navire de porter une forte voilure.
Peut-être aura-t-on l’idée que ces trois barils contenaient de la poudre ou toute autre substance explosive ?…
Non, évidemment, car on ne prenait aucune des précautions indispensables en entrant dans la soute qui les contenait.
Du reste, pas un des matelots n’aurait pu donner de renseignements à ce sujet, — ni sur la destination du brick-goélette, ni sur les motifs qui l’incitaient à changer sa direction dès qu’il apercevait un navire, ni sur les marches et contre marches qui caractérisaient sa navigation depuis quinze mois, ni même sur les parages où il se trouvait à cette date, courant tantôt à pleines voiles, tantôt sous une allure réduite, soit à travers une mer intérieure, soit sur les flots d’un océan sans limites. Durant cette inexplicable traversée, quelques hautes terres avaient été aperçues, mais le capitaine s’en éloignait au plus vite. Quelques îles avaient été signalées, mais il s’en écartait d’un rapide coup de barre. À consulter le livre de bord, on eût relevé d’étranges changements de route que ne justifiaient ni les sautes de vent ni les apparences du ciel. C’était un secret entre ce capitaine, — un homme de quarante-six ans, à chevelure hérissée, — et un personnage de haute mine qui apparut en ce moment à l’orifice du capot.