Narcisse

Romance, Fiction & Literature
Cover of the book Narcisse by George Sand, E H
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Author: George Sand ISBN: 1230001198720
Publisher: E H Publication: March 12, 2016
Imprint: Language: French
Author: George Sand
ISBN: 1230001198720
Publisher: E H
Publication: March 12, 2016
Imprint:
Language: French

Quand, pour la première fois, en 1846, je fus envoyé à la Faille-sur-Gouvre, la ville était malpropre, comme la plupart des villes de France, laide en ce sens qu’à l’exemple général du temps, on s’était acharné à l’embellir sans goût, et à détruire sans discernement ses vieux édifices ; mais elle était bien située au bord d’un plantureux ravin, et le faubourg offrait encore des rues tortueuses, grimpantes, d’un effet original, et des groupes d’anciennes constructions assez pittoresques.

Quand le destin m’y amena, je mis pied à terre avant d’arriver, et, m’étant enquis du nom de l’hôtel où le conducteur de la diligence déposerait mon bagage, j’entrai seul et pédestrement dans la ville.

J’avais une lettre de recommandation, une seule, et pour cause. Je ne m’occupai pas de mon gîte ; je demandai la place de la Comédie (vieux style), on dit aujourd’hui la place de la Maison-de-Ville, bien que le théâtre, la mairie et le tribunal vivent encore en bonne intelligence sous le même toit.

— C’est toujours tout droit, répondit-on.

Et, en effet, je me trouvai, au bout d’une longue rue, sur la place en question. Elle n’était pas grande : la maison de ville au fond, une maison bourgeoise à droite, un café à gauche. C’est à ce café que j’avais affaire.

Un grand et gros homme blond, jeune, d’une belle figure, agréable et douce, allait et venait d’une table à l’autre, tutoyant la plupart des consommateurs de son âge, tutoyé par ceux qui paraissaient avoir atteint la cinquantaine. Je demandai à la servante, qui m’indiquait une table vacante, où était le propriétaire de l’établissement, M. Narcisse Pardoux. J’avais à dessein prononcé son nom en le regardant. Il m’entendit malgré le grand bruit qui se faisait dans le billard, dont les portes ouvertes envoyaient jusqu’à nous d’épais nuages de fumée de pipe, et, sans paraître se distraire de ses nombreux consommateurs, il vint à moi et me dit en se penchant :...

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Quand, pour la première fois, en 1846, je fus envoyé à la Faille-sur-Gouvre, la ville était malpropre, comme la plupart des villes de France, laide en ce sens qu’à l’exemple général du temps, on s’était acharné à l’embellir sans goût, et à détruire sans discernement ses vieux édifices ; mais elle était bien située au bord d’un plantureux ravin, et le faubourg offrait encore des rues tortueuses, grimpantes, d’un effet original, et des groupes d’anciennes constructions assez pittoresques.

Quand le destin m’y amena, je mis pied à terre avant d’arriver, et, m’étant enquis du nom de l’hôtel où le conducteur de la diligence déposerait mon bagage, j’entrai seul et pédestrement dans la ville.

J’avais une lettre de recommandation, une seule, et pour cause. Je ne m’occupai pas de mon gîte ; je demandai la place de la Comédie (vieux style), on dit aujourd’hui la place de la Maison-de-Ville, bien que le théâtre, la mairie et le tribunal vivent encore en bonne intelligence sous le même toit.

— C’est toujours tout droit, répondit-on.

Et, en effet, je me trouvai, au bout d’une longue rue, sur la place en question. Elle n’était pas grande : la maison de ville au fond, une maison bourgeoise à droite, un café à gauche. C’est à ce café que j’avais affaire.

Un grand et gros homme blond, jeune, d’une belle figure, agréable et douce, allait et venait d’une table à l’autre, tutoyant la plupart des consommateurs de son âge, tutoyé par ceux qui paraissaient avoir atteint la cinquantaine. Je demandai à la servante, qui m’indiquait une table vacante, où était le propriétaire de l’établissement, M. Narcisse Pardoux. J’avais à dessein prononcé son nom en le regardant. Il m’entendit malgré le grand bruit qui se faisait dans le billard, dont les portes ouvertes envoyaient jusqu’à nous d’épais nuages de fumée de pipe, et, sans paraître se distraire de ses nombreux consommateurs, il vint à moi et me dit en se penchant :...

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