Author: | Gaston Boissier | ISBN: | 1230000287174 |
Publisher: | Gaston Boissier | Publication: | December 21, 2014 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Gaston Boissier |
ISBN: | 1230000287174 |
Publisher: | Gaston Boissier |
Publication: | December 21, 2014 |
Imprint: | |
Language: | French |
EXTRAIT:
Nous savons très bien de quelle manière on passait le temps à Rome. Les anciens auteurs sont pleins, à ce sujet, de renseignemens curieux. On peut, avec les lettres de Cicéron, refaire la journée d’un homme d’état. Les satires d’Horace nous peignent au naturel l’existence d’un flâneur dont l’occupation principale consiste à se promener au Forum ou le long de la Voie-Sacrée, à regarder les joueurs de balle au champ de Mars, à causer avec les marchands de blé ou de légumes, et le soir à écouter les charlatans et les diseurs de bonne aventure. Juvénal, plus indiscret, nous laisse entrevoir l’intérieur d’un affreux cabaret, rendez-vous des matelots, des voleurs, des esclaves fugitifs, et au fond duquel les employés des pompes funèbres dorment côte à côte avec les prêtres mendians de la grande déesse. Ce qui nous échappe, c’est la vie de province [1]. Il est probable que nous la connaîtrions mieux, si nous avions conservé tout le théâtre latin.
[1] J’entends ici le mot province au sens français, tout ce qui n’était pas Rome, et par conséquent l’Italie aussi bien que la Gaule ou l’Espagne. Les Romains faisaient une distinction, et ils ne comprenaient pas d’ordinaire l’Italie dans ce qu’ils appelaient la province.
EXTRAIT:
Nous savons très bien de quelle manière on passait le temps à Rome. Les anciens auteurs sont pleins, à ce sujet, de renseignemens curieux. On peut, avec les lettres de Cicéron, refaire la journée d’un homme d’état. Les satires d’Horace nous peignent au naturel l’existence d’un flâneur dont l’occupation principale consiste à se promener au Forum ou le long de la Voie-Sacrée, à regarder les joueurs de balle au champ de Mars, à causer avec les marchands de blé ou de légumes, et le soir à écouter les charlatans et les diseurs de bonne aventure. Juvénal, plus indiscret, nous laisse entrevoir l’intérieur d’un affreux cabaret, rendez-vous des matelots, des voleurs, des esclaves fugitifs, et au fond duquel les employés des pompes funèbres dorment côte à côte avec les prêtres mendians de la grande déesse. Ce qui nous échappe, c’est la vie de province [1]. Il est probable que nous la connaîtrions mieux, si nous avions conservé tout le théâtre latin.
[1] J’entends ici le mot province au sens français, tout ce qui n’était pas Rome, et par conséquent l’Italie aussi bien que la Gaule ou l’Espagne. Les Romains faisaient une distinction, et ils ne comprenaient pas d’ordinaire l’Italie dans ce qu’ils appelaient la province.