Scènes de la vie des courtisanes

Biography & Memoir, Philosophers
Cover of the book Scènes de la vie des courtisanes by LUCIEN DE SAMOSATE, GILBERT TEROL
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Author: LUCIEN DE SAMOSATE ISBN: 1230002771618
Publisher: GILBERT TEROL Publication: November 1, 2018
Imprint: Language: French
Author: LUCIEN DE SAMOSATE
ISBN: 1230002771618
Publisher: GILBERT TEROL
Publication: November 1, 2018
Imprint:
Language: French

Myrtion

Tu épouses, ô Pamphilos, la fille de Pheidôn le pilote, et déjà on dit que tu l’as épousée. Tous les serments que tu m’as faits, et les pleurs, tout cela s’en est allé en fumée, et tu oublies Myrtion maintenant, et cela, ô Pamphilos, quand je suis enceinte de huit mois ; voilà donc tout ce que j’aurai tiré de ton amour, ce gros ventre que tu m’as fait, et dans peu de temps il faudra que je nourrisseun enfant ! une bien lourde charge pour une courtisane. Car je n’exposerai pas ce que j’ai enfanté, surtout si c’est un enfant mâle, mais je l’appellerai Pamphilos et je le garderai, moi, comme consolation d’amour, et un jour en te rencontrant il te reprochera d’avoir été sans foi envers sa malheureuse mère. Et tu n’épouses pas une jolie fille ; je l’ai vue dernièrement aux Thesmophories avec sa mère, sans songer qu’à cause d’elle bientôt je ne verrais plus Pamphilos. Et toi regarde-la d’abord, regarde sa figure et ses yeux, de peur que cela ne t’attriste un jour d’avoir une femme qui a les yeux tout à fait glauques et qui louchent en regardant l’un vers l’autre ; mais tu as vu Pheidôn le père de la fiancée : regarde la face de celui-là, tu n’auras plus besoin de voir sa fille.

Pamphilos

Mais tu divagues, Myrtion ! est-ce que je vais t’entendre longtemps parler de ces filles et mariages pilotiers ? Est-ce que je sais si elle est camuse ou belle, la mariée ? ou si Pheidôn l’Alôpékêthe, (car c’est de lui que tu veux parler, je crois), a une fille nubile ? Même il n’est guère l’ami de mon père. Je me souviens qu’ils ont plaidé dernièrement pour une affaire maritime. C’est un talent je crois, qu’il devait payer à mon père et il ne voulait pas, mais mon père l’a cité devant les juges maritimes, et il a eu assez de peine à le faire céder ; il m’a même dit que tout n’avait pas été payé. Si je voulais me marier, aurais-je refusé la fille de ce Déméa qui l’année dernière a été stratège, elle qui est ma cousine germaine par ma mère, pour épouser la fille de Pheidôn. Mais de qui tiens-tu cela ? Ou toi-même, ô Myrtion, as-tu inventé ces vaines, ces chimériques jalousies ?

Myrtion

Tu ne te maries pas, alors ?

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Myrtion

Tu épouses, ô Pamphilos, la fille de Pheidôn le pilote, et déjà on dit que tu l’as épousée. Tous les serments que tu m’as faits, et les pleurs, tout cela s’en est allé en fumée, et tu oublies Myrtion maintenant, et cela, ô Pamphilos, quand je suis enceinte de huit mois ; voilà donc tout ce que j’aurai tiré de ton amour, ce gros ventre que tu m’as fait, et dans peu de temps il faudra que je nourrisseun enfant ! une bien lourde charge pour une courtisane. Car je n’exposerai pas ce que j’ai enfanté, surtout si c’est un enfant mâle, mais je l’appellerai Pamphilos et je le garderai, moi, comme consolation d’amour, et un jour en te rencontrant il te reprochera d’avoir été sans foi envers sa malheureuse mère. Et tu n’épouses pas une jolie fille ; je l’ai vue dernièrement aux Thesmophories avec sa mère, sans songer qu’à cause d’elle bientôt je ne verrais plus Pamphilos. Et toi regarde-la d’abord, regarde sa figure et ses yeux, de peur que cela ne t’attriste un jour d’avoir une femme qui a les yeux tout à fait glauques et qui louchent en regardant l’un vers l’autre ; mais tu as vu Pheidôn le père de la fiancée : regarde la face de celui-là, tu n’auras plus besoin de voir sa fille.

Pamphilos

Mais tu divagues, Myrtion ! est-ce que je vais t’entendre longtemps parler de ces filles et mariages pilotiers ? Est-ce que je sais si elle est camuse ou belle, la mariée ? ou si Pheidôn l’Alôpékêthe, (car c’est de lui que tu veux parler, je crois), a une fille nubile ? Même il n’est guère l’ami de mon père. Je me souviens qu’ils ont plaidé dernièrement pour une affaire maritime. C’est un talent je crois, qu’il devait payer à mon père et il ne voulait pas, mais mon père l’a cité devant les juges maritimes, et il a eu assez de peine à le faire céder ; il m’a même dit que tout n’avait pas été payé. Si je voulais me marier, aurais-je refusé la fille de ce Déméa qui l’année dernière a été stratège, elle qui est ma cousine germaine par ma mère, pour épouser la fille de Pheidôn. Mais de qui tiens-tu cela ? Ou toi-même, ô Myrtion, as-tu inventé ces vaines, ces chimériques jalousies ?

Myrtion

Tu ne te maries pas, alors ?

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