La Descendance de l’homme

Fiction & Literature, Literary
Cover of the book La Descendance de l’homme by CHARLES DARWIN, GILBERT TEROL
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Author: CHARLES DARWIN ISBN: 1230000229656
Publisher: GILBERT TEROL Publication: March 31, 2014
Imprint: Language: French
Author: CHARLES DARWIN
ISBN: 1230000229656
Publisher: GILBERT TEROL
Publication: March 31, 2014
Imprint:
Language: French

INTRODUCTION

La nature du présent livre sera mieux comprise, par un court aperçu de la manière dont il a été écrit. J’ai pendant bien des années recueillies des notes sur l’origine et la descendance de l’homme, sans avoir aucune intention de faire quelque publication sur ce sujet ; bien plus, pensant que je ne ferais ainsi qu’augmenter les préventions contre mes vues, j’avais plutôt résolu le contraire. Il me parut suffisant d’indiquer, dans la première édition de mon Origine des espèces, que l’ouvrage pourrait jeter quelque jour sur l’origine de l’homme et son histoire ; impliquant ainsi que l’homme doit être avec les autres êtres organisés compris dans toute conclusion générale relative à son mode d’apparition sur la terre. Actuellement le cas se présente sous un aspect tout différent. Lorsqu’un naturaliste comme C. Vogt, dans son discours présidentiel à l’Institut national genevois (1869), peut risquer d’avancer que « personne, en Europe du moins, n’ose plus soutenir la création indépendante et de toutes pièces des espèces, » il est évident qu’au moins un grand nombre de naturalistes doivent admettre que les espèces sont les descendants modifiés d’autres espèces ; cela est surtout vrai pour ceux de la nouvelle et jeune génération. La plupart acceptent l’action de la sélection naturelle ; bien que quelques-uns objectent, ce dont l’avenir aura en toute justice à décider, que j’ai beaucoup trop haut évalué son importance. Mais il est encore bien des chefs plus anciens et honorables de la science naturelle, qui sont malheureusement opposés à l’évolution, sous quelque forme qu’elle se présente.

Les opinions actuellement adoptées par la plupart des naturalistes, qui, comme dans tous les cas de ce genre, seront ultérieurement suivies par d’autres, m’ont par conséquent engagé à rassembler mes notes, afin de m’assurer jusqu’à quel point les conclusions auxquelles mes autres travaux m’ont conduit, pouvaient s’appliquer à l’homme. C’était d’autant plus désirable que je n’avais jamais, de propos délibéré, appliqué mes vues à une espèce prise à part. Lorsque nous limitons notre attention à une forme donnée, nous sommes privés des arguments puissants que nous pouvons tirer de la nature des affinités qui unissent des groupes entiers d’organismes, — de leur distribution géographique dans les temps passés et présents, et de leur succession géologique. La conformation homologique, le développement embryonnaire, et les organes rudimentaires d’une espèce, qu’il s’agisse de l’homme ou d’un autre animal, points sur lesquels nous pouvons porter notre attention, restent à considérer ; mais tous ces grands ordres de faits apportent, il me semble, des preuves abondantes et concluantes en faveur du principe de l’évolution graduelle. Toutefois il faut toujours avoir présent à l’esprit le puissant appui que fournissent les autres arguments.

L’unique objet de cet ouvrage est de considérer : premièrement, si l’homme, comme toute autre espèce, descend de quelque forme préexistante ; secondement, le mode de son développement ; et, troisièmement, la valeur des différences existant entre ce qu’on appelle les races humaines. Comme je me bornerai à traiter ces points, il ne me sera pas nécessaire de décrire en détail ces différences entre les diverses races, — sujet énorme qui a déjà été amplement discuté dans beaucoup d’ouvrages de valeur. La haute antiquité de l’homme récemment démontrée par les travaux d’une foule d’hommes éminents, Houcher de Perthes en tête, est l’indispensable base de l’intelligence de son origine. Je tiendrai par conséquent cette conclusion pour admise, et renverrai mes lecteurs pour ce sujet aux beaux traités de Sir C. Lyell, Sir J. Lubbock et autres. Je n’aurai pas non plus davantage à faire qu’à rappeler l’étendue des différences existant entre l’homme et les singes anthropomorphes, le professeur Huxley ayant, selon l’avis des juges les plus compétents, établi de la manière la plus concluante que, dans chaque caractère visible, l’homme diffère moins des singes supérieurs, que ceux-ci ne diffèrent des membres inférieurs du même ordre des Primates.

Le présent ouvrage ne renferme presque point de faits originaux sur l’homme ; mais les conclusions auxquelles, après un aperçu en gros, je suis arrivé, m’ayant paru intéressantes, j’ai pensé qu’elles pourraient l’être pour d’autres. On a souvent affirmé avec assurance que l’origine de l'homme ne pourrait jamais être connue ; mais l’ignorance engendre plus souvent la confiance que ne fait le savoir, et ce ne sont que ceux qui savent peu, et non ceux qui savent beaucoup, qui affirment d’une manière aussi positive que la science ne pourra jamais résoudre tel ou tel problème. La conclusion que l’homme est, avec d’autres espèces, le co-descendant de quelque forme ancienne inférieure et éteinte, n’est en aucune façon nouvelle. Lamarck était, il y a longtemps, arrivé à cette conclusion, que plusieurs naturalistes éminents ont soutenue récemment ; par exemple, Wallace, Huxley, Lyell, Vogt, Lubbock, Biichner, Rolle ’, etc., et surtout Häckel. Ce dernier, outre son grand ouvrage intitulé Generelle Morphologie (1866), a récemment (1868, avec une seconde édition en 1870) publié sa Natürliche Schöpfungsgeschichte dans laquelle il discute complètement la généalogie de l’homme. Si cet ouvrage avait paru avant que mon essai eût été écrit, je ne l’aurais probablement jamais achevé. Je trouve que ce naturaliste dont les connaissances sont, sur beaucoup de points, bien plus complètes que les miennes, a confirmé presque toutes les conclusions auxquelles j’ai été conduit. Partout où j’ai extrait quelque fait ou opinion des ouvrages du professeur Häckel, je le cite dans le texte, laissant les autres affirmations telles qu’elles se trouvaient dans mon manuscrit, en renvoyant par note à ses ouvrages, pour la confirmation des points douteux ou intéressants.

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INTRODUCTION

La nature du présent livre sera mieux comprise, par un court aperçu de la manière dont il a été écrit. J’ai pendant bien des années recueillies des notes sur l’origine et la descendance de l’homme, sans avoir aucune intention de faire quelque publication sur ce sujet ; bien plus, pensant que je ne ferais ainsi qu’augmenter les préventions contre mes vues, j’avais plutôt résolu le contraire. Il me parut suffisant d’indiquer, dans la première édition de mon Origine des espèces, que l’ouvrage pourrait jeter quelque jour sur l’origine de l’homme et son histoire ; impliquant ainsi que l’homme doit être avec les autres êtres organisés compris dans toute conclusion générale relative à son mode d’apparition sur la terre. Actuellement le cas se présente sous un aspect tout différent. Lorsqu’un naturaliste comme C. Vogt, dans son discours présidentiel à l’Institut national genevois (1869), peut risquer d’avancer que « personne, en Europe du moins, n’ose plus soutenir la création indépendante et de toutes pièces des espèces, » il est évident qu’au moins un grand nombre de naturalistes doivent admettre que les espèces sont les descendants modifiés d’autres espèces ; cela est surtout vrai pour ceux de la nouvelle et jeune génération. La plupart acceptent l’action de la sélection naturelle ; bien que quelques-uns objectent, ce dont l’avenir aura en toute justice à décider, que j’ai beaucoup trop haut évalué son importance. Mais il est encore bien des chefs plus anciens et honorables de la science naturelle, qui sont malheureusement opposés à l’évolution, sous quelque forme qu’elle se présente.

Les opinions actuellement adoptées par la plupart des naturalistes, qui, comme dans tous les cas de ce genre, seront ultérieurement suivies par d’autres, m’ont par conséquent engagé à rassembler mes notes, afin de m’assurer jusqu’à quel point les conclusions auxquelles mes autres travaux m’ont conduit, pouvaient s’appliquer à l’homme. C’était d’autant plus désirable que je n’avais jamais, de propos délibéré, appliqué mes vues à une espèce prise à part. Lorsque nous limitons notre attention à une forme donnée, nous sommes privés des arguments puissants que nous pouvons tirer de la nature des affinités qui unissent des groupes entiers d’organismes, — de leur distribution géographique dans les temps passés et présents, et de leur succession géologique. La conformation homologique, le développement embryonnaire, et les organes rudimentaires d’une espèce, qu’il s’agisse de l’homme ou d’un autre animal, points sur lesquels nous pouvons porter notre attention, restent à considérer ; mais tous ces grands ordres de faits apportent, il me semble, des preuves abondantes et concluantes en faveur du principe de l’évolution graduelle. Toutefois il faut toujours avoir présent à l’esprit le puissant appui que fournissent les autres arguments.

L’unique objet de cet ouvrage est de considérer : premièrement, si l’homme, comme toute autre espèce, descend de quelque forme préexistante ; secondement, le mode de son développement ; et, troisièmement, la valeur des différences existant entre ce qu’on appelle les races humaines. Comme je me bornerai à traiter ces points, il ne me sera pas nécessaire de décrire en détail ces différences entre les diverses races, — sujet énorme qui a déjà été amplement discuté dans beaucoup d’ouvrages de valeur. La haute antiquité de l’homme récemment démontrée par les travaux d’une foule d’hommes éminents, Houcher de Perthes en tête, est l’indispensable base de l’intelligence de son origine. Je tiendrai par conséquent cette conclusion pour admise, et renverrai mes lecteurs pour ce sujet aux beaux traités de Sir C. Lyell, Sir J. Lubbock et autres. Je n’aurai pas non plus davantage à faire qu’à rappeler l’étendue des différences existant entre l’homme et les singes anthropomorphes, le professeur Huxley ayant, selon l’avis des juges les plus compétents, établi de la manière la plus concluante que, dans chaque caractère visible, l’homme diffère moins des singes supérieurs, que ceux-ci ne diffèrent des membres inférieurs du même ordre des Primates.

Le présent ouvrage ne renferme presque point de faits originaux sur l’homme ; mais les conclusions auxquelles, après un aperçu en gros, je suis arrivé, m’ayant paru intéressantes, j’ai pensé qu’elles pourraient l’être pour d’autres. On a souvent affirmé avec assurance que l’origine de l'homme ne pourrait jamais être connue ; mais l’ignorance engendre plus souvent la confiance que ne fait le savoir, et ce ne sont que ceux qui savent peu, et non ceux qui savent beaucoup, qui affirment d’une manière aussi positive que la science ne pourra jamais résoudre tel ou tel problème. La conclusion que l’homme est, avec d’autres espèces, le co-descendant de quelque forme ancienne inférieure et éteinte, n’est en aucune façon nouvelle. Lamarck était, il y a longtemps, arrivé à cette conclusion, que plusieurs naturalistes éminents ont soutenue récemment ; par exemple, Wallace, Huxley, Lyell, Vogt, Lubbock, Biichner, Rolle ’, etc., et surtout Häckel. Ce dernier, outre son grand ouvrage intitulé Generelle Morphologie (1866), a récemment (1868, avec une seconde édition en 1870) publié sa Natürliche Schöpfungsgeschichte dans laquelle il discute complètement la généalogie de l’homme. Si cet ouvrage avait paru avant que mon essai eût été écrit, je ne l’aurais probablement jamais achevé. Je trouve que ce naturaliste dont les connaissances sont, sur beaucoup de points, bien plus complètes que les miennes, a confirmé presque toutes les conclusions auxquelles j’ai été conduit. Partout où j’ai extrait quelque fait ou opinion des ouvrages du professeur Häckel, je le cite dans le texte, laissant les autres affirmations telles qu’elles se trouvaient dans mon manuscrit, en renvoyant par note à ses ouvrages, pour la confirmation des points douteux ou intéressants.

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