Author: | Paul d'Ivoi | ISBN: | 1230001716603 |
Publisher: | er | Publication: | June 12, 2017 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Paul d'Ivoi |
ISBN: | 1230001716603 |
Publisher: | er |
Publication: | June 12, 2017 |
Imprint: | |
Language: | French |
Ce livre numérique comporte une table des matières dynamique. Il est parfaitement mis en page pour une lecture sur liseuse électronique.
Extrait :
— Lucien !
— Sara !
— Qu’est-ce que tu en penses, de la Hollande ?
— Je n’y pense pas.
— Ah ! tu les ménages, tes méninges !… Non, là, entre nous, ça ne te fatigue pas de ne jamais penser à rien ?
— À rien ! à rien ! bougonna Lucien… Je pense à toi, à notre mariage si récent, je pense à mon bonheur…
Sara fut secouée par un fou rire.
— Tu en as l’air ! Avec cette figure d’enterrement, ton bonheur semble fait de condoléances rentrées.
L’interpellé eut un geste de mauvaise humour ; oh ! un geste menu, très distingué, n’ayant rien d’ample ni de vigoureux : un de ces gestes qui convenaient à sa silhouette élégante et fine, mais frêle ; au blond cendré de ses cheveux courts et de sa moustache soyeuse tombant à la gauloise ; à son visage régulier, mais pâle, dépourvu de tout trait accentué ; à ses yeux bleus enfin, très doux, mais voilés, comme embués de brume, fenêtres mobiles d’une âme engourdie, regards qui dénoncent l’absence du vouloir, l’abandon à la veulerie.
Son complet de voyage, du bon faiseur, eût semblé un peu trop recherché pour un autre ; lui, le portait avec une aisance si parfaite, une indifférence si réellement aristocratique, que l’élégance du vêtement était en quelque sorte absorbée par celle du personnage. Une fois par hasard, l’habit ne faisait pas le moine.
Sa compagne contrastait étrangement avec lui. Brune, petite, voire un peu lourde, mais remuante, grouillante, agissante, expressive de ses petits pieds à sa tête mutine, de sa main, de geste éloquent, aux yeux lançant la phrase avant que les lèvres l’eussent prononcée ; yeux étranges, trop petits en bonne esthétique, mais si pleins de pensée, de sourire, de gaieté, de mouvement, qu’ils en semblaient énormes. Bref, une jeune femme, jolie sans régularité, sans distinction marquée, mais charmante parce que vivante au suprême degré.
Paul d'Ivoi, de son vrai nom Paul Deleutre, est un romancier français, né le 25 octobre 1856 à Paris, mort le 6 septembre 1915 à Paris. Il est inhumé au Cimetière des Batignolles.
Ce livre numérique comporte une table des matières dynamique. Il est parfaitement mis en page pour une lecture sur liseuse électronique.
Extrait :
— Lucien !
— Sara !
— Qu’est-ce que tu en penses, de la Hollande ?
— Je n’y pense pas.
— Ah ! tu les ménages, tes méninges !… Non, là, entre nous, ça ne te fatigue pas de ne jamais penser à rien ?
— À rien ! à rien ! bougonna Lucien… Je pense à toi, à notre mariage si récent, je pense à mon bonheur…
Sara fut secouée par un fou rire.
— Tu en as l’air ! Avec cette figure d’enterrement, ton bonheur semble fait de condoléances rentrées.
L’interpellé eut un geste de mauvaise humour ; oh ! un geste menu, très distingué, n’ayant rien d’ample ni de vigoureux : un de ces gestes qui convenaient à sa silhouette élégante et fine, mais frêle ; au blond cendré de ses cheveux courts et de sa moustache soyeuse tombant à la gauloise ; à son visage régulier, mais pâle, dépourvu de tout trait accentué ; à ses yeux bleus enfin, très doux, mais voilés, comme embués de brume, fenêtres mobiles d’une âme engourdie, regards qui dénoncent l’absence du vouloir, l’abandon à la veulerie.
Son complet de voyage, du bon faiseur, eût semblé un peu trop recherché pour un autre ; lui, le portait avec une aisance si parfaite, une indifférence si réellement aristocratique, que l’élégance du vêtement était en quelque sorte absorbée par celle du personnage. Une fois par hasard, l’habit ne faisait pas le moine.
Sa compagne contrastait étrangement avec lui. Brune, petite, voire un peu lourde, mais remuante, grouillante, agissante, expressive de ses petits pieds à sa tête mutine, de sa main, de geste éloquent, aux yeux lançant la phrase avant que les lèvres l’eussent prononcée ; yeux étranges, trop petits en bonne esthétique, mais si pleins de pensée, de sourire, de gaieté, de mouvement, qu’ils en semblaient énormes. Bref, une jeune femme, jolie sans régularité, sans distinction marquée, mais charmante parce que vivante au suprême degré.
Paul d'Ivoi, de son vrai nom Paul Deleutre, est un romancier français, né le 25 octobre 1856 à Paris, mort le 6 septembre 1915 à Paris. Il est inhumé au Cimetière des Batignolles.