Vérité

Fiction & Literature, Literary
Cover of the book Vérité by Emile Zola, NA
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Author: Emile Zola ISBN: 1230000247629
Publisher: NA Publication: June 20, 2014
Imprint: Language: French
Author: Emile Zola
ISBN: 1230000247629
Publisher: NA
Publication: June 20, 2014
Imprint:
Language: French

Ce livre comporte une table des matières dynamique, a été relu et corrigé.

Extrait: La veille, le mercredi soir, Marc Froment, instituteur à Jonville, accompagné de sa femme Geneviève et de sa fillette Louise, était arrivé, comme il en avait l’habitude, à Maillebois, où il passait un mois de ses vacances, chez la grand-mère et la mère de sa femme, Mme Duparque et Mme Berthereau, ces dames, ainsi qu’on les nommait dans le pays. Maillebois, un chef-lieu de canton de mille habitants, n’était qu’à dix kilomètres du village de Jonville, et à six seulement de Beaumont, la grande et vieille ville universitaire.
Ces premières journées d’août étaient accablantes. Le dimanche, pendant la distribution des prix, il y avait eu un orage épouvantable. Cette nuit encore, vers deux heures, une pluie diluvienne était tombée, sans avoir rafraîchi le ciel, qui restait nuageux, bas et jaune, d’une lourdeur de plomb. Et ces dames, levées dès six heures, pour assister à la messe de sept heures, se trouvaient déjà dans la petite salle à manger du rez-de-chaussée, attendant le jeune ménage, qui ne se hâtait point de descendre.
Les quatre tasses étaient sur la toile cirée blanche, et Pélagie entra, la cafetière à la main. Petite, rousse, avec un grand nez et des lèvres minces, depuis vingt ans au service de Mme Duparque, elle avait la parole libre.
– Ah bien ! dit-elle, le café va être froid, et ce ne sera pas ma faute.
Quand elle fut retournée dans sa cuisine, en mâchant de sourds reproches, Mme Duparque elle-même témoigna son mécontentement.
– C’est insupportable, on dirait que Marc s’amuse à nous faire manquer la messe, quand il est ici.
Mais Mme Berthereau, indulgente, risqua doucement une excuse.
– L’orage les aura empêchés de dormir, et je viens de les entendre qui se dépêchaient, au-dessus de ma tête.
Âgée de soixante-trois ans, très grande, très noire encore de cheveux, le visage froid, coupé de profondes rides symétriques, avec des yeux de sévérité et un nez de domination, Mme Duparque avait longtemps tenu un magasin de nouveautés, À l’Ange Gardien, sur la place Saint-Maxence, en face de la cathédrale de Beaumont. Et c’était après la mort brusque de son mari, causée, disait-on, par l’effondrement d’une banque catholique, qu’elle avait eu la sagesse de liquider et de se retirer, avec une rente d’environ six mille francs, à Maillebois, où elle possédait une petite maison. Il y avait bientôt douze ans de cela, et sa fille, Mme Berthereau, était venue l’y rejoindre, veuve elle aussi, amenant sa fillette Geneviève, qui entrait dans sa onzième année. C’était une amertume nouvelle, cette mort brusque de son gendre, un employé des Finances à l’avenir duquel elle avait eu le tort de croire, qui mourait pauvre, en lui remettant sur les bras sa femme et son enfant. Depuis cette époque, les deux veuves avaient vécu là ensemble, dans la petite maison morne, d’une vie étroite, enfermée, peu à peu rétrécie par les pratiques religieuses les plus rigides. Mais, pourtant, Mme Berthereau, que son mari avait adorée, gardait une douceur tendre de cet éveil à l’amour, à la vie ; et, grande, brune comme sa mère, elle avait des traits meurtris et tristes, des yeux de soumission, une bouche lasse où passait parfois le secret désespoir du bonheur perdu.
Un ami de Berthereau, un ancien instituteur de Beaumont, Salvan, alors inspecteur primaire, et devenu depuis directeur de l’École normale, avait fait le mariage de Marc et de Geneviève, dont il était le subrogé-tuteur. Berthereau, esprit très libéré, ne pratiquait pas, mais laissait sa femme pratiquer ; et il avait même fini par l’accompagner à la messe, par faiblesse tendre. Salvan, d’intelligence plus affranchie encore, tout à l’unique certitude expérimentale, avait eu également l’imprudence affectueuse de faire entrer Marc dans cette famille dévote, sans s’inquiéter des conflits possibles. Les deux jeunes gens s’aimaient passionnément, ils s’arrangeaient toujours. Et, depuis trois ans qu’elle était mariée,

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Ce livre comporte une table des matières dynamique, a été relu et corrigé.

Extrait: La veille, le mercredi soir, Marc Froment, instituteur à Jonville, accompagné de sa femme Geneviève et de sa fillette Louise, était arrivé, comme il en avait l’habitude, à Maillebois, où il passait un mois de ses vacances, chez la grand-mère et la mère de sa femme, Mme Duparque et Mme Berthereau, ces dames, ainsi qu’on les nommait dans le pays. Maillebois, un chef-lieu de canton de mille habitants, n’était qu’à dix kilomètres du village de Jonville, et à six seulement de Beaumont, la grande et vieille ville universitaire.
Ces premières journées d’août étaient accablantes. Le dimanche, pendant la distribution des prix, il y avait eu un orage épouvantable. Cette nuit encore, vers deux heures, une pluie diluvienne était tombée, sans avoir rafraîchi le ciel, qui restait nuageux, bas et jaune, d’une lourdeur de plomb. Et ces dames, levées dès six heures, pour assister à la messe de sept heures, se trouvaient déjà dans la petite salle à manger du rez-de-chaussée, attendant le jeune ménage, qui ne se hâtait point de descendre.
Les quatre tasses étaient sur la toile cirée blanche, et Pélagie entra, la cafetière à la main. Petite, rousse, avec un grand nez et des lèvres minces, depuis vingt ans au service de Mme Duparque, elle avait la parole libre.
– Ah bien ! dit-elle, le café va être froid, et ce ne sera pas ma faute.
Quand elle fut retournée dans sa cuisine, en mâchant de sourds reproches, Mme Duparque elle-même témoigna son mécontentement.
– C’est insupportable, on dirait que Marc s’amuse à nous faire manquer la messe, quand il est ici.
Mais Mme Berthereau, indulgente, risqua doucement une excuse.
– L’orage les aura empêchés de dormir, et je viens de les entendre qui se dépêchaient, au-dessus de ma tête.
Âgée de soixante-trois ans, très grande, très noire encore de cheveux, le visage froid, coupé de profondes rides symétriques, avec des yeux de sévérité et un nez de domination, Mme Duparque avait longtemps tenu un magasin de nouveautés, À l’Ange Gardien, sur la place Saint-Maxence, en face de la cathédrale de Beaumont. Et c’était après la mort brusque de son mari, causée, disait-on, par l’effondrement d’une banque catholique, qu’elle avait eu la sagesse de liquider et de se retirer, avec une rente d’environ six mille francs, à Maillebois, où elle possédait une petite maison. Il y avait bientôt douze ans de cela, et sa fille, Mme Berthereau, était venue l’y rejoindre, veuve elle aussi, amenant sa fillette Geneviève, qui entrait dans sa onzième année. C’était une amertume nouvelle, cette mort brusque de son gendre, un employé des Finances à l’avenir duquel elle avait eu le tort de croire, qui mourait pauvre, en lui remettant sur les bras sa femme et son enfant. Depuis cette époque, les deux veuves avaient vécu là ensemble, dans la petite maison morne, d’une vie étroite, enfermée, peu à peu rétrécie par les pratiques religieuses les plus rigides. Mais, pourtant, Mme Berthereau, que son mari avait adorée, gardait une douceur tendre de cet éveil à l’amour, à la vie ; et, grande, brune comme sa mère, elle avait des traits meurtris et tristes, des yeux de soumission, une bouche lasse où passait parfois le secret désespoir du bonheur perdu.
Un ami de Berthereau, un ancien instituteur de Beaumont, Salvan, alors inspecteur primaire, et devenu depuis directeur de l’École normale, avait fait le mariage de Marc et de Geneviève, dont il était le subrogé-tuteur. Berthereau, esprit très libéré, ne pratiquait pas, mais laissait sa femme pratiquer ; et il avait même fini par l’accompagner à la messe, par faiblesse tendre. Salvan, d’intelligence plus affranchie encore, tout à l’unique certitude expérimentale, avait eu également l’imprudence affectueuse de faire entrer Marc dans cette famille dévote, sans s’inquiéter des conflits possibles. Les deux jeunes gens s’aimaient passionnément, ils s’arrangeaient toujours. Et, depuis trois ans qu’elle était mariée,

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