Author: | Erckmann-Chatrian | ISBN: | 1230000685849 |
Publisher: | pb | Publication: | September 27, 2015 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Erckmann-Chatrian |
ISBN: | 1230000685849 |
Publisher: | pb |
Publication: | September 27, 2015 |
Imprint: | |
Language: | French |
Toutes ces figures rondes de petites filles embéguinées dans leurs
haillons, le petit nez rouge hors de la capuche, et les garçons, plus hardis,
se balançant sur les reins pour reprendre l’équilibre, formaient un
spectacle réjouissant. Je les regardais depuis une minute, quand la petite
Louise passa sur la glissade, toute gaie et riante, au milieu des garçons.
Elle allait comme un oiseau, les ailes de son petit manteau déployées, sans
méfiance et sans crainte ; mais, dans la même seconde, je vis Georges partir
derrière elle aussi vite qu’un tiercelet, et lui donner, en passant, un
grand coup de coude qui l’étendit dans la neige. J’étais déjà dehors, indigné,
courant la relever et criant :
« Georges !… Georges !… Arrive ici ! »
Elle pleurait à chaudes larmes, mais, heureusement, n’avait aucun
mal. Georges aurait bien voulu se sauver.
« Arrive ici, lui dis-je ; arrive, mauvais coeur ! »
Je le pris par le bras et je l’emmenai dans la salle en criant :
« Tu l’as fait exprès ! »
Lui, tout pâle, ne répondait pas.
« Tu l’as fait exprès ! lui dis-je encore. – Réponds-moi ! »
Mais il était trop fier pour mentir, et ne dit rien, s’asseyant au bout
d’un banc et regardant devant lui, les yeux farouches.
« Puisque tu ne réponds pas, lui dis-je, c’est vrai : tu voulais faire du
mal à Louise, parce qu’elle a mieux su l’histoire des mages que toi. C’est
abominable… Tu mérites d’être puni… Tu n’iras pas dîner… Je te retiens
en prison. »
Toutes ces figures rondes de petites filles embéguinées dans leurs
haillons, le petit nez rouge hors de la capuche, et les garçons, plus hardis,
se balançant sur les reins pour reprendre l’équilibre, formaient un
spectacle réjouissant. Je les regardais depuis une minute, quand la petite
Louise passa sur la glissade, toute gaie et riante, au milieu des garçons.
Elle allait comme un oiseau, les ailes de son petit manteau déployées, sans
méfiance et sans crainte ; mais, dans la même seconde, je vis Georges partir
derrière elle aussi vite qu’un tiercelet, et lui donner, en passant, un
grand coup de coude qui l’étendit dans la neige. J’étais déjà dehors, indigné,
courant la relever et criant :
« Georges !… Georges !… Arrive ici ! »
Elle pleurait à chaudes larmes, mais, heureusement, n’avait aucun
mal. Georges aurait bien voulu se sauver.
« Arrive ici, lui dis-je ; arrive, mauvais coeur ! »
Je le pris par le bras et je l’emmenai dans la salle en criant :
« Tu l’as fait exprès ! »
Lui, tout pâle, ne répondait pas.
« Tu l’as fait exprès ! lui dis-je encore. – Réponds-moi ! »
Mais il était trop fier pour mentir, et ne dit rien, s’asseyant au bout
d’un banc et regardant devant lui, les yeux farouches.
« Puisque tu ne réponds pas, lui dis-je, c’est vrai : tu voulais faire du
mal à Louise, parce qu’elle a mieux su l’histoire des mages que toi. C’est
abominable… Tu mérites d’être puni… Tu n’iras pas dîner… Je te retiens
en prison. »